samedi 6 octobre 2012

Chapitre 3




Je me réveillais vers onze heures. Ian dormait encore comme un bébé. J'avais à peine dormi cinq heures et pourtant, j'étais en pleine forme. Je me levais délicatement afin de ne pas réveiller Ian et enfilais vite fait son tee-shirt. Nous avions fait l'amour pour la première fois depuis notre arrivée à Londres et j'étais restée pour la fin de la nuit en culotte blottie contre son corps chaud. J'avais besoin de tendresse. Il faut dire que nos nuits et nos journées étaient très occupées par nos rondes et donc nos temps libres étaient réservés à notre entraînement et notre repos. Difficile d'avoir réellement une vie sexuelle épanouie. Je me postais à la fenêtre et tentais de regarder dehors. La brume était épaisse ce matin. Ça faisait quatre jours que la brume nous accompagnait durant la fin de notre ronde et nous accueillait à notre réveil. En un peu plus d'une semaine, je n'avais eu la chance d'avoir une vraie journée de soleil qu'à deux reprises. Saddie m'avait expliqué que c'était courant ici, que le brouillard tombait parfois pour s'installer tout la journée. Je laissais mes idées vagabonder, les yeux rivés en direction d'un horizon invisible.
Nous étions samedi, dans deux jours, cela ferait deux semaines que nous étions arrivés. Durant ce laps de temps, nous n'avions en rien progressait, ni au sujet des disparus, ni au sujet de Jack. Ce dernier était peut-être loin d'ailleurs. Mais au fond de moi, et pour je ne sais quelle raison, j'étais persuadée qu'il n'était pas étranger à toutes ces disparitions. J'ignorais encore comment il avait fait mais deux choses étaient certaines pour moi. La première, il était responsable d'une façon direct ou indirect et la seconde, les disparitions n'allaient pas s'arrêter tant que nous n'aurions pas mis la main sur lui.

- Déjà debout mon ange.

Je me retournais. Ian s'était appuyé sur son coude est m'observait, à peine caché par le drap.

- Oui, je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression d'avoir moins besoin de dormir ici.
- C'est que tu ne te fatigues pas assez la nuit. Viens là, je vais t'aider....me lança-t-il avec un sourire espiègle.

Je ne me fis pas prier et retourna le rejoindre dans notre lit. Ian m'enlaça aussitôt et me couvrit de tendres baisers peu à peu plus audacieux. C'est l'alarme de l'institut qui nous interrompit. Nous nous levâmes à toute vitesse et après avoir passé des vêtements nous nous rendîmes dans le hall principal. Une fois en bas des escaliers, je me rendis comptes vraiment du nombres importants d'élèves vivant à l'institut. Que se passait-il ? Chloé et Adam nous firent signe et nous les rejoignîmes.

- Une élève a disparu ! Nous lança directement Adam.
- Quand ?
- Elle ne s'est jamais rendue à son cours.
- Et ça ne sonne que maintenant !
- J'en sais pas plus.

Je n'en revenais pas. Comment cette fille avait-elle pu disparaître alors que tout le monde savait parfaitement qu'il était interdit de rester seul dans ses déplacements au sein de l'institut et du jardin. J'espérais vraiment que cette fois, quelqu'un aurait des informations. Une fois que tout le monde fut réuni, Britany prit la parole en expliquant que l'une de leur camarade avait disparu. Il s'agissait de Kate Devito, étudiante en dernière année. Il demanda à tout le monde de rejoindre sa chambre et de ne rester seul sous aucun prétexte. Quand les étudiants humains furent tous partis, elle nous mis par groupe de deux et nous donna un secteur à inspecter. Le moindre recoin du domaine devait être fouillé. Britany nous apprit que Kate avait disparu depuis moins d'une demi-heure, elle ne devait en conséquent pas être très loin. Les deux gardes de l'entrée principale n'avaient vu personne entrer, sortir ou même roder. Sa seule issue était l'entré du fond, il lui fallait donc traverser tout le terrain privé sans rencontrer personne à moins qu'elle ne soit passée par le mur. Tout cela supposait qu'elle était partie de son plein gré, dans l'hypothèse qu'elle avait été enlevée comme les autres, son agresseur avait dû se faire très discret et n'avait pu la passer de force par dessus le mur. Mes réflexions me poussaient à croire que soit, ils étaient encore dans l'enceinte elle est son kidnappeur, soit ils se dirigeaient vers la seconde sortie. Je demandais donc à être dans l'équipe explorant l'autre bout de la propriété. Britany accepta et demanda à Brise de nous accompagner Ian et moi. Pour gagner du temps, nous prîmes sa voiture, un tout terrain de marque Allemande. De toute l'équipe britannique, il était celui avec qui elle avait le moins tissé de lien. Brice restait en retrait et silencieux, que ce soit avec ses équipiers ou avec notre équipe. D'après Saddie, il n'était pas comme ça avant, c'était d'après elle un garçon réservé à son arrivée, seule Cassie avait été capable d'obtenir sa confiance au début et tout les deux s'étaient peu à peu rapprochés jusqu'à tomber amoureux et devenir inséparable. C'était grâce à Cassie que Brice avait fini par s'ouvrir aux autres. Maintenant qu'elle n'était plus là, il était retourné dans son enfermement. J'avais de la peine pour lui, je n'osais imaginer la peine qui m'envahirait si Ian disparaissait. À bien y réfléchir, j'avais eu un aperçu de la douleur qu'il pouvait ressentir. Quand Ian avait faillit (failli) mourir, un trou béant s'était creusé en moi, j'avais eu si mal que je voulais me laisser mourir moi aussi.

- Brice...je suis certaine qu'on va retrouver Cassie.

L'intéressé me lança un regard furtif avant de se concentrer à nouveau sur la route. Mais aussi rapide fut ce moment, j'eus l'impression qu'il avait apprécié mes paroles. Je ne me risquais pas pour autant à lui demander de me parler de sa fiancée plus en détail, il souffrait déjà bien assez. Ian et moi lui épargnâmes toutes démonstrations de notre amour afin de ne pas ravivé le moindre souvenir en Brice. Lorsqu'il se gara, nous étions arrivés devant le second portail. Sans dire un mot, il descendit et s'éloigna.



- Brice. Criai-je en descendant à mon tour.



Il ne me répondit pas et continua d'avancer. Nous ne devions pas le laisser seul, mais je ne pouvais pas non plus laisser derrière moi Ian observait le portail. Je me mis à courir de façon à l'arrêter avant que nous ne soyons trop loin de Ian.



- Attends. Dis-je en déposant ma main sur son épaule.
- Que veux-tu encore ? Cracha-t-il. Me parler d'une fille que tu ne connaissais même pas ? Me dire qu'elle va bien alors que nous avons tous conscience que même si elle n'est pas morte elle n'est certainement pas en train de se prélasser sur une place des caraïbes.
- Non, bien sûr que non, mais ce n'est pas en te renfermant et en t'isolant, te mettant par la même occasion en danger que ça va aider ta copine.
- Je sais, mais personne ne peut rien y faire, je suis incapable de trouver le moindre indice pour lui venir en aide. J'ai honte de l'avouer mais l'espoir de la retrouver vivante me quitte un peu plus chaque jour.
- Moi je te comprends, quand Samantha nous a annoncé qu'il allait mourir tout mon univers s'est écroulé, j'ai cru que je ne surmonterais jamais ça.
- Mais tu es une guérisseuse.
- Je ne le savais pas à l'époque. J'ai même eu beaucoup de mal à le croire. Aller, viens, on va rejoindre Ian.



Comme il ne bougeait pas, je le pris par le bras et le tirai à ma suite. Il me suivit sans enthousiasme puis s'arrêta.



- Erin...
- Oui ? Demandai-je en me retournant vers lui.
- Merci.
- De rien...



Pour la première fois depuis qu'on était ici, je vis un bref sourire éclairer le visage de Brice. Il se remit en suite en marche mais je l'arrêtai.



- Je te promets qu'on va la retrouver.
- La question est dans quel état ?
- Je ferai tout ce que je pourrais pour qu'on la retrouve et si mes services son nécessaires, crois-moi que je pousserai mon don à son maximum pour que tu puisses retrouver celle que tu aimes.



Sans que je m'y attende, Brice s'approcha de moi et me serra dans ses bras. Je fus tellement surprise par son geste que sur le coup, je restais sans bouger. Plus grand que moi, il s'était penché par dessus mon épaule pour déposer sa tête dans le creux de mon cou. Son geste n'avait rien de déplacé, il était simplement amical. Brice avait gardé en lui tellement de chose depuis la disparition de sa petite amie qu'il avait besoin de relâcher la pression. J'étais parvenue à fissurer sa carapace, et j'espérais que malgré le fait qu'on ne se connaissait pas beaucoup, il saurait se confier à moi en cas de besoin. Nous restâmes un moment dans cette position. Je savais que Ian ne quittait pas la scène des yeux mais qu'il pourrait aussi comprendre ma démarche. Quand Brice se redressa, je m'aperçus qu'une larme coulait le long de sa joue, du bout du doigts, je la lui essayai. Il me remercia d'un sourire hésitant puis son expression habituelle de façade reprit sa place sur son visage.
Nous rejoignîmes Ian qui nous attendait. Une fois près de lui, Brice lui lança un regard dont je ne pus réellement comprendre le sens puis il prit la parole.



- Tu as beaucoup de chance de l'avoir, prends soin d'elle, c'est une fille en or.
- J'ai beaucoup de chance de l'avoir et t'en fais pas, j'ai toujours un œil sur elle.



Y avait-il un double sens à la réponse de mon compagnon ? Indiquait-il à Brice qu'il veillait sur moi pour me protéger du moindre danger ou lui faisait-il comprendre que j'étais avec lui et qu'il le surveillait... Cette séquence émotion terminée, nous examinâmes avec attention le portail. Brice nous indiqua que la chaîne en place était toujours à sa place et en parfait état. Rien n'indiquait qu'une ou plusieurs personnes étaient passés par ici. Un bout de tissu attira mon attention.



- Regardez, là. Dis-je en montrant du doigts le bout d'étoffe noir accroché sur la pointe qui surplombait le portail à la limite du mur.



Ian escalada aussitôt le grand portail et décrocha le tissu avant de sauter pour en redescendre. Il le tendit ensuite à Brice qui l'observa. Devant sa mine défaite, Ian lui demanda ce qu'il se passait.



- Ce tissu ressemble à celui de la petite veste que portait Cassie le soit de sa disparition.
- Elle est donc passée par là. Lança Ian.
- Vous n'aviez pas inspecté les lieux ce soir là ?
- Je ne saurais te dire qu'elle (quelle) équipe est venue voir ici.

Nous restâmes un moment à observer avec minutie les alentours des fois que d'autres indices seraient passés inaperçus.
Je voyais bien au regard de Ian qu'un doute s'était emparé de lui. Il me faudrait lui en reparler par la suite. Rien ne se révéla à nous. Après deux heures d'inspection, nous retournâmes en direction de l'institut en traversant le petit bois. Brice se gara sur le côté et nous allâmes directement vers le bureau de Britany.
À notre arrivée, Samantha était déjà à l'intérieur et les deux femmes semblaient prises dans une conversation dès plus préoccupantes.

- Désolé de vous interrompre. Lança Brice en entrant le premier Ian et moi sur ses talons.
- Ce n'est pas grave. Avez-vous trouvé des indices ?
- Oui, ceci. Dit-il en tendant à sa directrice le morceau de tissu trouvé. Il était accroché sur l'une des pointes du portail. Je suis quasiment sûr qu'il s'agit du même tissu que celui de la veste que portait Cassie le soir de sa disparition.
-Qu'en penses-tu ? Elle serait revenue ?
- Plutôt que l'équipe qui a inspecté là-bas est passée à côté.
- Tu insinues que tes collègues ont commis une énorme faute là Brice...
-Et vous, vous insinuez qu'elle serait revenue sans...
- Je n'insinue rien Brice, calme-toi, je cherche juste à comprendre.
- Pourquoi ne ferais-tu pas venir ceux qui ont exploré le coin ce soir là. La questionna Sam.
- Je n'ai pas la moindre idée de qui y était mais peu importe, l'équipe ne va pas tarder à arriver, nous demanderons aux autres. Rendons-nous dans la salle de réunion afin de les attendre.

Britany se leva suivie de son amie, de Brice et Ian et moi.

- Samantha ! Est-ce qu'on peut parler ?
- Bien sûr.

Nous nous arrêtâmes laissant les autres prendre de l'avance. Ian hésita un instant mais il dût juger que j'étais en sécurité car il avança avec les autres. J'expliquais à ma tante et tutrice ce qui s'était passé avec Brice et lui demandais ce qu'elle pensait de la situation. S'il y avait une chance de retrouver les disparus vivant. Elle sembla réfléchir un instant puis m'avoua qu'elle n'en savait rien. Que la situation était tout à fait inédite. Jamais des anges avaient disparu de la sorte.

- Jack pourrait-il être derrière tout ça ?
- Je le pense en effet.

J'attendis quelques secondes avant de formuler ma question.

- Sam, de quoi parliez-vous à notre arrivée, vous sembliez toutes les deux très inquiètes. J'espère ne pas être indiscrète.
- Non, tu peux tout à fait demander, si c'était indiscret je te le dirais mais... nous parlions de Jack justement.

Sam me raconta leur conversation. Britany lui avait expliqué que Jack faisait partie des traqueurs les plus butés qu'elle avait rencontré. Il refusait tout dialogue et ne rechignait pas à lancer à tout va des insultes sur notre espèce, nous comparant à des monstres, tueurs et sanguinaires. Il disait qu'un jour il se vengerait de cette captivité et de ceux qui y avait participé. Elle prit une seconde puis reprit.

- Quand vous êtes arrivés, Britany et moi nous demandions s'il ne serait pas préférable de fermer l'école. Je pense qu'elle va renvoyer les élèves humains chez eux mais pour le moment elle ne l'a pas réellement formulée. Je pense qu'elle voit ça comme un échec.
- Tant que Jack court dans la nature ils ne sont pas en sécurité.
- Ni vous !
- Mais nous n'avons pas le choix, nous devons faire quelque chose.
- Oui mais pour le moment les indices sont minces, très minces.
- Et si on appelait Gabriel ?
- Ton père ! S'exclama-t-elle surprise.
- Oui, en tant que traqueurs, il pourrait peut-être localiser ou entrer en contact avec Jack, lui tendre un piège en quelque sorte.
- Cela reviendrait à avouer à tous que ton père est un traqueur.
- C'est un ange aussi.
- Oui mais il est de l'autre côté.
- Mais il ne tue plus d'ange.
- Je sais ça Erin, tu n'as pas à m'en convaincre, je crois en la parole de mon frère mais...
- Mais les autres !
- Je ne suis pas certaine qu'il accueille un traqueur les bras ouverts dans leur institut.
- Britany pourrait comprendre.
- Elle a perdu plusieurs membres de son équipe, je doute qu'elle soit aussi ouverte à ce sujet.
- Il pourrait ne pas venir ici alors. On entrerait en contact à l'extérieur de l'institut.
- Ça me parait possible. Oui, ton idée me semble bonne. Encore faut-il qu'il soit disponible. Je l'appellerai après la réunion.
- Non, j'aimerais le faire, ça fait longtemps que je ne l'ai pas appelé, il sera content.
- Comme tu voudras. Viens me tenir au courant de sa réponse dès que tu l'auras eue.
- D'accord.
- Allons rejoindre les autres, tout le monde doit nous attendre.


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