samedi 20 octobre 2012

Chapitre 5




Comme convenu la veille au soir, nous nous retrouvâmes avec Brice et Ian dans le bureau de Britany. Samantha y était elle aussi. J'expliquais alors aux deux directrices la théorie que j'avais avancé aux garçons la veille au soir. D'abord perplexes, elles se laissèrent convaincre à mesure que je leur apportais des faits concrets corroborant avec ma façon de voir la situation.
Nous fûmes interrompus par la sonnerie de mon portable, il s'agissait d'un message. Je sortis l'appareil après m'être excusée et regardai le nom indiqué dessus. C'était un message de mon père, il disait qu'il serait à Londres dès ce soir.

– Un problème Erin ? Me demanda Sam.
– Non, non. Un message de papa. Dis-je avec beaucoup de naturel, sachant que cela paraîtrait tout à fait banal pour Britany et Brice mais que Ian et Samantha comprendrait le sous-entendu.

Ma tutrice m'adressa un sourire et la réunion reprit. Les deux directrices complètement convaincues, il ne nous restait plus qu'à convaincre les autres et à fixer les nouveaux ordres de mission. J'étais persuadée que notre équipe nous suivrait sans problème, car il régnait entre nous une réelle confiance que je savais inébranlable. Il allait en être autrement avec les autres. Pour moi, Jack était parvenu à semer le doute entre eux. Suffisamment pour que certains pensent que Brice nous avait convaincus de l'innocence de Cassie et d'inventer cette histoire de toute pièce.
Ian se voulait rassurant, il avait toute confiance en moi et son intuition lui intimait que nous étions sur la bonne voie.

– Tu n'imagines pas à quel point j'aimerais que tu aies des visions plutôt que des intuitions.
– Sam pense que ce serait une évolution possible de mon don mais je n'y crois pas trop. J'ai plus l'impression que mon instinct régresse.
– Ne dis pas ça, il nous est d'une grande aide malgré tout ce que tu penses.
– Mais tu préférerais que j'ai des visions.
– Ian. Soufflais-je. Je plaisantais. N'importe qui avec le don de voyance nous serait utile. Dans tout les cas, je ne t'aime pas pour ton don mais pour toi. Tu pourrais n'avoir aucun don que je ne t'en aimerais pas moins.

Pour le lui prouver, je l'embrassais avidement, puis changeais de sujet pour détendre l'atmosphère. Je lui apprenais que Gabriel serait là ce soir. Il me proposa immédiatement d'aller le voir. Proposition que j'acceptais aussitôt. Un peu plus tard dans la journée, Britany et Sam nous convoquèrent tous dans la grande salle. Comme je l'avais pressenti, les autres furent difficiles à convaincre. Brice n'ouvrit pas la bouche si ce n'est pour s'excuser auprès de son ami dans le but de réunir l'équipe. Je devais bien avouer que leur réconciliation était un point positif, si leur équipe se ressoudait, Jack aurait plus de mal à s'en prendre à eux.
Quand le soir fut venu, Ian et moi obtînmes l'autorisation de quitter l'institut. Nous prîmes une voiture que Britany mit à notre disposition et nous rendîmes dans le centre de Londres. Toutefois, alors que Ian fut garé, il m'empêcha de sortir.

– Attends.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– Un mauvais pressentiment. Allons-nous en d'ici.
– Mais mon père ? Protestais-je alors que la voiture sortait déjà de son emplacement.
– Appelle-le. Dit-lui qu'on a été suivis et qu'il vaut mieux éviter de se rencontrer pour le moment.
– Suivis ? Tu es sûr ?
– Mon instinct me trompe rarement.
– Ok. Tu penses que Jack nous a suivis ?
– Lui ou quelqu'un d'autre. Dans tous les cas, personne ne doit savoir que Gabriel est ici.
– Où allons-nous ?
– On va essayer de savoir qui nous suit, mets ta ceinture.

Ian accéléra et quitta les axes principaux afin de croiser le moins de voiture possible alors que j'appelais mon père pour le prévenir qu'on ne viendrait pas. Je pus percevoir de la déception dans sa voix puis il se reprit et m'informa qu'il allait essayer de rentrer en contact avec le groupe de traqueurs de la région, voir s'il pouvait glaner quelques informations. Mon père me demanda de mettre le haut parleur.



– Tachez d'être prudent ! Nous lança-t-il.
– Ne vous en faites pas, je veille sur elle.
– Je sais Ian et j'ai toute confiance en toi. Est-ce que tu sais qui vous suit ?
– Non pas encore mais j'ai emprunté des axes secondaires et pour le moment plusieurs voitures ont pris le même itinéraire.
– Ok mais ne prenez pas de risques.
– On va essayer.



Quelques secondes plus tard, je raccrochais, déçue de ne pas pouvoir voir mon père et, inquiète de nous savoir suivis. Ian continuait de rouler à vive allure et peu à peu il repéra une grosse berline noire ne nous quittant pas. Il ne changea rien à sa conduite et l'entraîna peu à peu vers vers des rues moi fréquentées. Nous ne croisions presque plus d'automobilistes et pourtant la voiture nous suivait toujours.



– Prête ?
– Pour faire quoi ? Tu ne comptes pas t'arrêter quand même.
– Oh que si !
– Ian, je ne suis pas certaine que...



C'était trop tard, Ian venait de s'arrêter sur le bas coté. La berline passa devant nous sans s'arrêter. Nous avions visiblement fait erreur. Ian redémarra. L'adrénaline disparu peu à peu à mesure que nous reprenions le chemin de l'institut.
Ian s'arrêta à un feu rouge. À son regard, je compris qu'il était déçu. Il devait espérer régler le problème aujourd'hui, retrouver Jack et lui faire payer tout ce qu'il nous avait fait. Ian se pencha vers moi et m'embrassa. C'est à ce moment qu'une voiture nous percuta par l'arrière nous projetant au beau milieu de l'intersection. C'est alors que plusieurs voitures nous percutèrent avant d'avoir le temps de nous éviter. Je dus perdre connaissance car à mon réveil, j'étais dans une ambulance dont la sirène résonnait bruyamment. Les faits me revinrent et je m'agitai dans tous les sens pour voir Ian ignorant la terrible douleur qui s'élançait dans l'ensemble de mon corps.



– Calmez-vous.
– Où il est, où est Ian ? Demandais-je paniquée.
– Votre ami est dans l'autre ambulance.
– Comment va-t-il ?
– Je ne sais pas tout ce que je peux vous dire c'est qu'il était conscient à notre arrivée.
– Arrêtez cette ambulance, je veux descendre, je veux le voir, je....



Je fondis en larmes et me débattis. J'arrachais la perfusion de mon bras mais avant même que je puisse me redresser L'infirmier me fit une injection et je sombrai à nouveau. Quand mes yeux s'ouvrirent à nouveau, ce fut pour voir que j'étais dans une petite chambre blanche. Je tentais de me lever, mais j'étais maintenue par toute sorte de fils. Je décidai alors d'appuyer sur la petite alarme afin de faire venir quelqu'un, qu'on me sorte de là et que je puisse retrouver Ian. J'étais tellement inquiète à son sujet. Il fallait que je le vois, je que le soigne de ses éventuelles blessures.
Une femme vêtue d'une blouse entra avec un grand sourire.



– Contente de voir que tu es réveillée. Comment te sens-tu ?
– Où est Ian ?
– Ton ami est dans une autre chambre. Ses blessures sont assez graves mais le pronostic vital n'est pas engagé. Il est jeune et fort, il devrait reprendre connaissance et se remettre.
– Est-ce que je peux le voir ?
– Non, pas pour le moment. Occupons-nous d'abord de toi.
– Je vais bien dis-je en faisant mine de ne pas ressentir la douleur.
– Tes radios indiquent plusieurs fractures, il faut te reposer.
– Pas avant de l'avoir vu.
– Ne m'obliges pas à te mettre sous sédatifs.



Je hochais la tête. Être droguée pour dormir ne m'aiderait pas.



– Est-ce que je pourrais avoir mon téléphone, je voudrais appeler ma tutrice?
– En cherchant dans tes papiers, nous avons trouvé une petite carte avec le nom de la personne à appeler en cas d'urgence.
– Une carte ? Demandais-je surprise. De quelle carte parlez-vous ?



L'infirmière ouvrit un petit placard et en sortit mon sac avant de me le tendre. Je pris mon porte-feuille et observais toutes les cartes s'y trouvant. Soudain, j'eus un flash. La carte de mon ancien lycée indiquait mon nom, mon prénom, mon adresse et..., et Élise comme la personne à prévenir en cas d'urgence. Le choc passé, j'expliquais qu'il y avait eu erreur et que j'avais un nouveau tuteur.



– Pourtant votre tante nous a affirmé que vous aviez disparue depuis plusieurs mois et qu'elle n'avait plus de nouvelle de vous. Elle vous pensait morte.



C'était le but avais-je envie de lui dire.



– Vous a-t-elle dit qu'elle venait ?
– Oui, elle devait prendre le premier avion.
– Vous devez appeler Samantha !
– Qui est-ce ?
– Ma tutrice.
– Savannah, je pense que le choc a chamboulé vos idées.
– Je ne m'appelle pas Savannah mais Erin, Erin Silver.
– Repose-toi.
– Appelez au moins mon père...
– Ta tante nous a dit qu'elle était ta seule famille.
– Non, j'ai retrouvé mon père il y a peu de temps, elle l'ignore voilà tout. Je vous en prie, appelez-le.



L'infirmière accepta. Elle me demanda de lui donner le numéro en me disant qu'elle passerait l'appel pour moi. C'était ma seule chance pour ne pas me retrouver avec Élise, il fallait absolument que Gabriel vienne me voir avant que ma tante ne débarque à Londres. L'infirmière sortit ensuite, me laissant seule avec mes inquiétudes. Ses paroles tournaient en boucle dans mon esprit. Ian était gravement blessé. Il fallait que je le soigne et que je nous sorte d'ici. Je basculai mes jambes par dessus le bord du lit et m'aperçus que j'avais la jambe droite plâtrée jusqu'à mi-cuisse. Mes côtes me firent atrocement mal. Je décidai alors de me concentrer et de guérir mes blessures. Les médecins trouveraient cela étrange s'ils s'en apercevaient mais je ne comptais pas m'éterniser, avec un peu de chance, j'aurais le temps de soigner Ian et nous aurions le temps de sortir de là suffisamment tôt pour retrouver mon père dehors.
Je dus me forcer à mettre Ian de côté dans mon esprit pour parvenir à me guérir. Je n'avais jamais eu à m'occuper de fractures mais même si cela me prit un peu de temps j'y parvins. Seul problème, je ne pouvais pas faire disparaître le plâtre. Une fois remise je me levai. Ma tête me tourna un peu mais ce ne fut pas le plus terrible. À peine debout, je sentis un courant d'air dans mon dos. Je portais une blouse d'hôpital. Je ne pouvais pas sortir comme ça. J'ouvris le placard où l'infirmière un peu plus tôt avait prit mon sac. Mon jean et mon débardeur y étaient suspendus mais dans un étant lamentable et puis comment remettre mon pantalon avec se gros plâtre. Je réglerai ce problème plus tard. Même si je risquais de ne pas passer inaperçue vêtue ainsi, il fallait que je retrouve Ian. Je n'avais pas son instinct particulier mais j'espérais que notre amour saurait me guider vers lui. Manque de chance, je tombai nez à nez avec l'infirmière. Et vu le regard noir qu'elle me lança, j'allais passer un mauvais quart-d'heure. Je fis demi-tour mais elle m'arrêta.



– Tu ne comptes pas te tenir tranquille n'est-ce pas ?
– Je dois absolument voir Ian.
– Il est encore inconscient, tu iras à son réveil.
– Je vous en prie jusque quelques minutes.
– Suis-moi.



Nous empruntâmes un long couloir puis un second, prîmes l'ascenseur et montâmes d'un étage. Après avoir longé un nouveau couloir, l'infirmière s'arrêta.



– Tu as cinq minutes, pas une de plus. Ne touche à rien surtout.
– Merci.



J'entrai et me dirigeai directement vers le lit où était étendu Ian. Il avait plusieurs plaies sur le visage, son bras gauche était lui aussi immobilisé dans un plâtre et sa jambe droite était maintenu par une atèle. Un pansement lui barrait le torse. J'appliquai ma main sur la sienne et me concentrai. Je ne savais pas exactement ce qu'il avait et donc cela me prit plus de temps que je ne l'aurais imaginé pour le guérir.
La porte s'ouvrit derrière moi et j'entendis des chaussures grincer sur le sol plastifié de la chambre.



– Il doit se reposer.



Je fis oui de la tête et m'apprêtai à la suivre lorsque je sentis les doigts de Ian se resserrer sur les miens.



– Reste. Lâcha-t-il dans un murmure.



L'infirmière fit aussitôt demi-tour et s'approcha de lui.



– Reste ici, je vais chercher un médecin, me lança-t-elle en quittant la chambre.



Je m'approchai de Ian et l'embrassai doucement. Je n'avais pas eu le temps de soigner les plaies de son visage mais je savais que sa jambe et son bras étaient guéris. Il allait nous falloir filer d'ici avant que les médecins ne s'interrogent sur notre rétablissement miraculeusement rapide.



– Tu te sens assez fort pour partir ? Lui demandais-je inquiète de savoir comment il se sentait.
– J'ai un peu mal au crâne mais ça devrait le faire.



Je l'aidais à se lever lorsque la porte s'ouvrit à nouveau.



– Vous êtes aussi têtus l'un que l'autre. Gronda l'infirmière. Et toi jeune homme, tu n'es pas sérieux, rallonge-toi tout de suite.
– Je vais parfaitement bien.
– Vous ne semblez pas vous rendre compte de la gravité de votre accident tous les deux.
– Je vous assure que je vais bien. Je souhaite partir.
– Il vaudrait mieux que tu fasses quelques examens avant.
– Non insista Ian. Je souhaite signer une décharge et partir.
– Très bien. Le médecin arrive, tu verras cela avec lui. Quant à toi jeune fille, je te ramène dans ta chambre.
– Inutile, je pars avec lui.
– Je crains que cela ne soit pas possible. Après ce que nous a dit ta tante, nous avons ordre de veiller sur toi jusqu'à son arrivée.



Ian me lança un regard interrogatif. Je lui expliquais que l'hôpital avait trouvé une carte et avait appelé ma tante Élise. Il fut tout aussi surpris que moi lorsque l'infirmière m'avait appris la nouvelle.



– Vous deviez appeler mon père !
– Je suis tombé sur un répondeur, j'ai donc laissé un message.
– Ne t'en fait pas Erin, je reste avec toi.



Ian m'attira à lui et me serra dans ses bras. L'infirmière fut surprise de voir à quel point nous nous étions remis de nos blessures. Les ennuis n'allaient pas tarder si nous restions trop longtemps ici. Comment expliquer que lui comme moi étions complètement rétablis à l'exception de quelques coupures. On frappa à la porte et une autre femme demanda à parler à notre infirmière. Lorsque cette dernière revint, elle nous informait que ma tante était arrivée. Elle me demanda donc de la suivre. Je refusais. Elle sortit donc de la chambre et revint peu après avec Élise.



– Savannah, ma chérie. Minauda-t-elle.
– Ne m'approche pas.
– Mais...
– J'ai retrouvé papa, tu n'es plus obligée de t'occuper de moi.
– Tu sais très bien que tu n'as plus de parents ma chérie. Le choc t'a visiblement beaucoup perturbée. Dès que tu iras mieux, nous pourrons rentrer à la maison.
– Je ne rentre pas avec toi !
– Oh que si...., et qui est ce garçon ? Tu as décidément tout pris de ta mère !
– C'est Ian et ça ne te regarde pas. Cesse de parler de ma mère ainsi. De toute façon, je ne quitterai pas les lieux sans mon père ni sans Ian.
– Tu n'as pas le choix jeune fille. Me lança Élise, mauvaise. Tu semble allais très bien, si les médecins sont d'accord, je te ramène à l'hôtel et dès demain nous retournons à la maison.
– Non ! Hurlais-je coupant par la même occasion la parole à notre infirmière.



Élise ne m'accorda pas la moindre attention et se tourna vers la femme qui lui confirmait que vu la véhémence dont je faisais preuve les médecins ne s'opposeraient pas à mon départ.
Une heure plus tard et malgré notre désaccord à Ian et moi, j'avais été mise de force dans un taxi, Élise à mes côtés. Avant qu'on ne nous arrache l'un à l'autre, Ian me promit qu'il me retrouverait et que nous serions très vite de nouveau ensemble. En plus d'être extrêmement triste de notre séparation j'étais très inquiète de le savoir seul à la merci de Jack. Je fouillais à la recherche de mon portable dans mon sac mais ne l'y trouvais pas.



– On doit retourner à l'hôpital, j'ai oublié mon portable.
– Non, c'est inutile, tu n'en auras plus besoin. Je te ramène à la vie réelle.
– Tu ne peux plus diriger ma vie, je suis adulte, je fais mes propres choix.
– Tu parles comme Anita ! Cracha-t-elle comme une insulte.
– Et bien ne t'en déplaise tu me fais un réel compliment là! Et tout comme l'a fait ma mère je n'ai qu'une envie mettre la plus grande distance entre toi et moi.
– Ne compte pas sur ton ami pour venir te voir, j'étais sérieuse lorsque j'ai dit que si je le voyais rôder autour de toi j'appellerai la police. J'espère pour lui qu'il m'a pris au sérieux.
– Tu ne pourras jamais nous séparer tôt ou tard on se retrouvera. Tu ne pourras pas m'obliger à rester avec toi, papa viendra me reprendre.
– Encore faut-il qu'il te retrouve...



J'avais envie de laisser éclater mes sanglots mais n'en fis rien. Cela ferait bien trop plaisir à Élise. J'avais une certitude pourtant et c'était celle-ci qui me permettait de tenir bon. Je savais que malgré tout ce qu'elle pouvait dire ou faire, Élise ne parviendrait pas à éloigner Ian de moi. Je connaissais la détermination de mon compagnon et je savais parfaitement que nous serions de nouveau réunis très bientôt. Une fois à l'hôtel, ma tante ne me laissa pas seule une minute. Elle avait bien trop peur que je ne m'enfuis ou passe un appel pour obtenir de l'aide. Quand on frappa à la porte j'eus l'espoir que ce soit Ian ou Gabriel. Au lieu de ça, c'était un employé de l'hôtel qui nous apportait le dîner. Décidément Élise avait vraiment peur que je ne lui fausse compagnie. Je refusais d'avaler quoi que ce soit et allais prendre une douche avant de passer le pyjama que m'avait apporté Élise et me coucher.

Aucun commentaire: