samedi 27 octobre 2012

Chapitre 6




À mon réveil, j'étais encore groggy par mon manque de sommeil. J'avais passé les trois-quart de la nuit à pleurer le plus discrètement possible. Il était encore tôt et Élise dormait encore. Je l'avais sentie me veiller une bonne partie de la nuit, elle avait certainement peur que je ne m'enfuis une fois de plus. Ce que je comptais effectivement faire. Je sortis du lit le plus discrètement possible et entrai dans la salle de bain. En venant me prendre à l'hôpital, ma tante m'avait apporté des vêtements. Oh, rien de bien moderne bien évidement mais pour le moment ce n'était pas ma priorité. J'enfilais le pantalon large et le chemisier blanc qu'elle m'avait pris et ressortais de la salle de bain, mon sac à la main.

– Tu veux peut-être un coup de main. Me lança Élise qui s'était visiblement réveillée au mauvais moment.
– Je voulais juste....
– T'enfuir je me doute bien. Puisque tu es réveillée on va pouvoir partir.

Élise ne prit pas de douche et s'habilla directement dans la chambre pour ne pas me perdre de vue. Elle m'attrapa le bras de force et nous sortîmes de la chambre. Devant l'ascenseur je tentais de me dégager de son étreinte mais elle la resserra à m'en faire presque mal. Je me servis du plâtre que j'avais encore afin de dissimuler mon don pour ralentir sa cadence. Elle souffla mais s'adapta à ma vitesse. Une fois en bas, je feignis un malaise et demandai à ce qu'on mange quelque chose. Ma tante me dirigea alors vers le restaurant de l'hôtel. On nous conduisit jusqu'à une table et nous donnâmes la carte du petit déjeuner. Il me fallait gagner du temps pour élaborer un plan d'évasion. Je commandais un café et des viennoiseries qui devinrent un chocolat chaud et des céréales à la demande de ma tante. Peu importe ce qu'elle commandait, je n'avais pas tellement d'appétit de tout façon, tout ceci n'était qu'un stratagème. En attendant qu'on nous apporte notre commande, je mis mon cerveau au travail. Comment pouvais-je lui faire faux-bond ? J'avais beau regarder autour de moi pour trouver une échappatoire mais rien ne me venait. Le temps pressait et avec lui la patience d'Élise s'évaporait. Comme je le pressentais, ma tante finit par craquer.

– Soit tu te presses, soit tu te passes de ton petit déjeuner. De toute façon tu ne sembles pas si affamée que ça.
– Non, je..., je vais manger. Dis-je en portant une cuillère pleine de céréales à ma bouche pour lui prouver ma bonne foi.

Jamais je n'avais eu temps de mal à manger. L'absence de Ian me torturait et j'avais beaucoup de mal à me concentrer pour trouver comment fuir. Élise ne me donna pas plus de temps, il en était fini de sa patience et elle se leva en m'intimant d'en faire de même. Je n'avais plus le choix. Je me levai et la suivi alors que tout en moi me criait de prendre mes jambes à mon cou. Nous attendîmes ensuite notre taxi sur le bord du trottoir. Alors que j'allais monter dans le taxi, une main se resserra sur mon bras.

– Pardonnez-moi mademoiselle, vous aviez oublié votre sac.
– Oh ! Merci.
– Vous devriez vérifier qu'il y a tout à l'intérieur.
– C'est inutile, il ne contient rien de précieux.
– Vous devriez quand même on ne sait jamais, des fois qu'on vous ait volé votre argent.
– Bon, elle vous dit que ça va, s'emporta ma tante, alors merci de nous l'avoir rapporté et au revoir.

L'homme me lança un regard étrange puis regarda vers mon sac avant de faire demi-tour et de retourner dans l'hôtel.

– Tu n'étais pas obligée de lui parler sur ce ton, il voulait être gentil !
– Tu es bien naïve ma pauvre Savannah. Tu ne t'ai même pas rendu compte qu'il tentait de te séduire.
– Tu racontes n'importe quoi et vois le mal partout !
– Et toi tu ne vois rien..., que sais-tu de la vie petite idiote...
– Bien assez, la coupais-je.
– Tu ne sais rien mais crois-moi, je vais te l'apprendre. Je vais déjà commencer par te faire regretter d'avoir fugué puis t'apprendrais (apprendrai futur) à être une femme respectable et non une petite traînée comme ta mère. Il est hors de question que je m'occupe d'un rejeton parce que tu n'auras pas su garder les cuisses serrées jusqu'à ton mariage.

Je levais (levai) la main pour la gifler mais elle intercepta mon geste. Me maintenant par le poignet d'une main, l'autre vint s'écraser violemment sur ma joue.

– Ne recommence jamais ça ! Cracha-t-elle.

Interdite, je posai ma main libre sur ma joue, plus sous le choc du geste que de la douleur. Comment pouvait-elle lever la main sur moi alors que même ma mère ne l'avait jamais fait? Mauvaise, je jurai qu'un jour, Élise regretterait ce geste.
Le taxi arriva et elle me poussa sans ménagement à l'intérieur sans me laisser le temps de protester.

– À l'aéroport, lança-t-elle au chauffeur.

L'homme qui avait peu apprécié son ton lui lança un regard sombre avec un « Bien madame, comme vous voulez madame » ironique vu son intonation. Le trajet se fit silencieusement. Élise me reprit à plusieurs reprise sur la nonchalance avec laquelle je me tenais assise mais je ne la gratifiais que d'un sourire espiègle sans même lui adresser la moindre parole. Je laissais mon esprit voyager jusqu'à Ian. Je me demandais ce qu'il faisait, s'il était en sécurité, comment il se sentait et comment s'était passée sa nuit. Mon absence l'affectait-il autant que moi je l'étais par la sienne ? Il m'avait juré qu'on se retrouverait bientôt, mais quand arriverait ce bientôt ? Plus je m'éloignais de lui, plus nos chances de se retrouver s'amenuisaient elles aussi. NON..., me hurlais-je en moi même. Tôt ou tard, je trouverai le moyen de fuir Élise et je pourrais le retrouver à l'institut. Elle ne pourrait pas me garder enfermée indéfiniment, il me suffisait d'être patiente. Ian m'attendrait-il ? Ne soit pas idiote... Il t'aime autant que tu l'aimes, il te retrouvera avant même que tu n'aies le temps de t'enfuir....Tentais-je de me rassurer. Quand mes pensées me ramenèrent à la réalité, nous arrivions devant l'aéroport. Élise sortit la première de l'auto et me tira par le bras pour m'en extraire.

– Tu ne pourrais pas y aller plus doucement, lui lançais-je énervée par son comportement tyrannique.
– Et toi, tu ne pourrais pas être un peu plus respectueuse envers tout ce que je fais pour toi ?
– Ne compte pas la dessus. Tout ce que j'éprouve pour toi, c'est du mépris.

J'esquivais de justesse une nouvelle claque. Décidément, ma tante avait la main leste, je ferai mieux de me méfier si je ne voulais pas avoir une nouvelle fois la marque rouge de son empreinte sur mon visage. J'étais quasiment certaine que son coup précédent n'avait pas encore entièrement disparu. Un coup d'œil dans la vitre de l'entrée de l'aéroport me confirma que ma joue était encore rougie. J'aurais pu m'arracher de son étreinte et me fondre dans la foule des gens qui attendaient pour prendre leur avion mais connaissant ma tante, elle ferait intervenir les vigiles et je n'aurais pas l'occasion de quitter les lieux avant qu'on ne me mette la main dessus. D'accord, avec mon entraînement j'aurais pu facilement en assommer un ou deux mais voulais-je vraiment passer mes nerfs sur de pauvres humains ?
Comme si ma tante avait perçu mes intentions, elle me rappela que si j'avais l'intention de fuguer à nouveau elle n'hésiterait pas à faire arrêter Ian pour enlèvement. Je me surpris à penser qu'elle ne connaissait pas son nom de famille, mais le souvenir de sa chambre d'hôpital me revint. Si elle appelait, je suis persuadée qu'elle parviendrait à l'obtenir si cela n'était pas déjà fait. Mon seul espoir était que mon père fasse valoir ses droits sur moi afin que je retrouve ma liberté et mon petit ami qui me manquait déjà tant alors qu'à peine quelques heures s'étaient écoulées. J'avais l'impression de l'avoir perdu à nouveau et cette douleur me torturait plus encore que la présence d'Élise.
Ma tante me tira jusqu'au bureau d'enregistrement. On nous invita ensuite à nous diriger vers la salle d'attente. Élise me fit passer la première dans le sas de sécurité. Je déposai mon sac comme on me l'avait demandé et passai.Malheureusement, mon sac attira l'attention. Et pour cause, je savais qu'il contenait mon athamé.



– Je dois vous demander de me suivre s'il vous plaît.
– D'accord.
– Attendez ! S'exclama Élise. Je suis son tuteur légal, j'exige de venir avec vous.
– Mais bien sûr madame. Suivez-moi.

L'agent nous conduisit vers une porte qui donné sur un long couloir puis sur une seconde porte. Il déposa mon sac sur la table et nous demanda d'attendre un petit instant. En son absence, ma tante ne put s'empêcher de me réprimander à nouveau.



– Tu ne peux pas t'empêcher d'attirer l'attention ! Qu'as-tu la dedans qui nous vaut se traitement ?
– Tu verras bien ! Lui répondis-je avec un grand sourire. À mon avis, on risque de louper notre avion.... comme c'est dommage... Tu ne trouves pas ?
– Tu n'es qu'une petite garce mais je saurais te remettre dans le droit chemin. Que ce soit par cet avion ou le suivant crois-moi ma petite tu vas apprendre l'obéissance.



Je me contentais de lui sourire. J'étais plutôt fière de moi. Sans même y penser, je venais de jeter une pierre dans l'eau lisse qui constituait le plan de ma chère tante détestée.
Deux hommes en costume sombre entrèrent. Ils nous saluèrent poliment puis nous invitèrent à nous asseoir sur les chaises face à eux.



– Pouvez-vous ouvrir votre sac mademoiselle s'il vous plaît?
– Oui, dis-je avec un grand sourire, fière de faire perdre encore du temps à ma tante.

Je l'ouvris et en sortis, comme l'agent me l'avait demandé, le petit poignard qui m'avait été remis lorsque j'étais devenue un ange devant tous.

– Ciel ! Mais que fais-tu avec cette arme dans ton sac ? M'interrogea Élise surprise.

Je l'ignorais et me concentrais sur les deux hommes. L'un deux semblait très jeune, je lui donnais à peine trente ans. Ses boucles blondes me rappelèrent celles de Ian. Il avait les traits bien plus fins que mon compagnon mais n'en était pas pour autant efféminé. L'autre homme était un peu plus massif que lui. Il devait être adepte des salles de sports. Ses cheveux sombres étaient coupés très courts et ses yeux sombres m'auraient presque inquiétée si je n'avais pas croisé des regards bien plus inhumains ces derniers mois.

– Pouvez-vous me dire ce que vous faite avec une telle arme mademoiselle?
– Oui. Il s'agit d'un cadeaux de..., de mon père, mentis-je.
– Votre père a de drôles d'idées de cadeaux.
– Gardez-le et laissez-nous prendre notre avion messieurs. Râla Élise.

Le brun détourna son attention de moi pour la diriger vers elle avant de prendre la parole.

– Vous n'êtes pas en position de nous donner des ordres madame. Nous sommes ici pour nous assurer que les usagers de l'aéroport ne prennent aucun risque à vos cotés.
– Ils ne courront aucun danger si vous gardez l'arme.
– Non ! M'exclamais-je. J'y tiens beaucoup.

Le jeune blond me fit un bref sourire. Le temps d'une seconde j'eus l'impression qu'il était de mon côté et me soutiendrait. Quelques coups furent frappés à la porte. Une jeune femme passa la tête et fit signe au jeune homme de la rejoindre. Quand il revint, il murmura à l'oreille de son collègue et ce dernier se leva en demandant à Élise de le suivre.

– Je ne peux pas laisser ma nièce ici. Elle vient avec nous !
– Elle ne risque rien avec mon collègue, ne craignez rien.

Élise ronchonna et le suivit après m'avoir menacée du regard. Je tenais là l'occasion de partir. Je fis un grand sourire à l'homme qui était resté avec moi et lui demandait s'il était possible que je parte avant son retour.

– Il est évident, que vous ne serez plus là lorsqu'elle reviendra.
– Vous allez me laisser partir ? M'étonnais-je de la facilité avec laquelle j'allais obtenir ce que je voulais.
– Oui.
– Bon et bien merci. Dis-je en prenant mon sac, m'apprêtant à quitter la pièce.
– Attendez !

Évidement, que croyais-tu..., tu ne vas pas t'en sortir si facilement..., me dis-je à moi même. Je me retournais et fixais mon regard au sien.

– Elle ne va sûrement pas tarder, je dois partir au plus vite.
– Ne vous inquiétez pas, je...

Il fut couper par de nouveaux coups à la porte. Tous mes espoirs s'évanouirent, Élise était déjà de retour. J'étais à la limite de fondre en larme lorsque je reconnus la voix qui remerciait vivement le jeune homme.

– Papa ! M'exclamais-je en voyant que c'était Gabriel qui venait d'entrer.
– Tu vas bien Erin ?
– Oui..., oui maintenant que tu es là. Où est Ian ? Il va bien ?
– Ne t'en fais pas, il va très bien..., enfin sa nuit blanche l'a un peu fatigué mais te retrouver va sûrement lui redonner du tonus. Il nous attend dans la voiture.

Je me jetais dans ses bras et laissais mes yeux déverser mes larmes. Jamais je n'avais eu aussi peur.

– Partons dis-je une fois mes yeux essuyés.
– Juste une minute, je dois m'entretenir avec ta tante Élise.
– Ne me laisse pas !
– Très bien, viens avec moi. Après tout, ça te concerne.

Nous sortîmes de la pièce et après avoir emprunté de nouveaux couloirs, nous arrivâmes devant une nouvelle porte. J'arrêtai Gabriel avant qu'il n'ouvre.

– Ne la laisse pas m'emmener.
– Ne t'en fait (fais) pas..., tu n'iras plus jamais nulle part avec elle. Je t'en fais le serment.

Il m'ouvrit la porte. J'entrais, (entrai) mon père me suivant de près. Élise me lança un regard interrogateur, elle ne semblait pas le reconnaître. L'avait-elle vu ne serait-ce qu'une fois en photo ?



–Qu'as-tu encore inventé pour m'attirer des ennuis petite gourde?
– Savannah, n'a rien fait.



Mon père avait répondu avant même que je ne lui réponde.



– Qui êtes-vous monsieur ? Il ne me semble pas que nous ayons été présentés. Où et la personne qui devait rester avec ma nièce ?
– J'attendais avec hâte que vous posiez cette première question. Je m'appelle Gabriel Célian mais vous devez avoir entendu parler de moi sous le prénom de John.



Élise sembla réfléchir puis s'exclama :



– Vous ! Vous..., vous êtes le salaud qui a détruit ma sœur !
– Je vois que vous me connaissez, renchérit mon père avec un petit sourire en coin. Toutefois, je vais me permettre de remettre certaines choses au clair. J'aimais Anita et ce n'est pas de gaieté de cœur que j'ai disparu mais pour sa sécurité. S'il y a ici quelqu'un qui a des raisons de s'en vouloir, c'est bien vous.



Gabriel rappela à Élise la manière honteuse dont elle avait, par orgueil, rejeté sa propre sœur lorsqu'elle avait besoin de son soutien. Il poursuivit en lui reprochant la manière dont elle s'était soi-disant occupée de moi après la mort de ma mère. Entendre mon père remuer tous ses souvenirs me fut difficile et j'eus beaucoup de peine à retenir mes sanglots, mais je ne voulais pas réjouir Élise avec ce spectacle. Elle serait bien trop ravie de pouvoir balancer à mon père la souffrance qui se lisait sur mon visage. Je me retournais un instant et m'essuyais les yeux du revers de la main.



– Je vais vous dire une dernière chose et vous demande la plus grande attention car je ne me répéterai pas. J'ai retrouvé ma fille et je compte bien veiller à son éducation à présent enfin, poursuivre son éducation car ma bien-aimée Anita a fait de notre petit trésor une bien merveilleuse jeune femme. Aussi belle à l'intérieur qu'elle ne l'est en apparence. Vous allez quitter ses lieux et je vous préviens.



Gabriel pointa un doigt menaçant en direction d'Élise :

- Je vous préviens que si j'apprends que vous vous êtes approchée de ma fille ou même de son petit-ami vous aurez affaire à moi. Et croyez bien que je serai bien moins courtois qu'en ce moment. Vous n'êtes plus rien pour elle. Oubliez-là et poursuivez votre misérable vie. Si je ne vais pas plus loin dans cette histoire c'est par respect pour Anita. Votre sœur vous aimez malgré tout, j'en suis certain, car elle avait une âme charitable et bienveillante même envers ceux qui lui tournaient le dos.



Mon père se retourna vers moi et d'un bras protecteur autour de mes épaules me dirigea vers la sortie. Élise ouvrit la bouche pour protester. Gabriel fondit sur elle avec une telle vitesse que j'eus à peine le temps de me retourner qu'il l'avait déjà attrapée par le col et plaquée au mur.



– Papa. Dis-je doucement une fois que je l'eus rejoins. Allons-y, je t'en prie, je veux m'éloigner le plus possible d'elle à présent et une mission bien plus importante qu'elle m'attend.
– Tu as raison Erin. Vous avez de la chance, lança-t-il à Élise avant de la relâcher. Visiblement, ma fille a hérité de la bonté de sa mère dont visiblement vous avez été privée. Je vous plains. Maintenant partez et que je ne vous revois jamais.



Élise attrapa son sac à main et s'enfuit en courant dans le long couloir. Gabriel se rapprocha de moi et après m'avoir serrée contre lui me guida jusqu'à la sortie de l'aéroport. Un gros 4x4 blanc nous attendait devant. Je n'eus pas le temps de m'en approcher que Ian en sortit à toute vitesse pour me serrer dans ses bras. Mes pieds quittèrent le sol et mon sac s'échoua par terre sous la force de son étreinte.



– Silver..., J'ai eu si peur..., Tu m'as tellement manqué. Plus jamais, tu m'entends plus jamais, je ne te laisserai t'éloigner d'un centimètre.
– Ça risque d'être compliqué pour aller aux toilettes. Plaisantai-je.
– Bon, on peut négocier quelques exceptions, mais pas trop non plus.



Ses lèvres se collèrent aux miennes dans un baiser démuni de toute pudeur alors même que mon père était juste à coté de nous. Je l'entendis se gratter la gorge pour nous rappeler sa présence.



– Désolé ! S'excusa Ian en regardant Gabriel.
– Ne le sois que si tu ne l'aimes pas. Sinon ne t'excuses jamais de le lui prouver. Aller, en route, je vous ramène.



Avant même qu'on ne fasse un pas vers la voiture, Ian se crispa et son regard se fit sombre et glacial.



– Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandais-je inquiète.



Il se détacha de moi et fonça droit sur Élise. J'eus peur sur le coup qu'il ne la traite comme une créature obscure et courus le rattraper. En le voyant bondir sur elle, ma tante se raidit et fit un pas en arrière. Ian se planta devant elle et je le vis prendre une grande inspiration avant de prendre la parole. Je me plantai à ses côtés et entrelaçai mes doigts aux siens pour lui apporter mon soutien peu importe ce qu'il voulait dire.



– Ne vous approchez plus jamais d'Erin ou je vous tue !
– Est-ce..., est-ce que c'est une menace ? S'enquit ma tante en essayant de rester digne malgré la peur qui se lisait sur son visage.
– Non, ce n'est pas une menace, c'est une promesse ! Vous devriez déjà être morte pour avoir levé la main sur ma femme !



Sa femme...J'en restais sans voix. C'était bien la première fois que Ian parlait de moi en ces termes. Jamais il n'affirmé que j'étais sienne et cela me fit chaud au cœur. Ce n'était pas tant le mot « femme » qui me fit réagir mais la simple petite syllabe « ma ».



– Allons-nous en Ian. Elle ne mérite pas notre attention.
– Tu as raison mon amour, laissons-là, nous avons bien mieux à faire.



Je le suivais mais m'arrêtai. J'avais moi aussi une dernière chose à rajouter cette femme qui dès que j'aurais tourné les talons ne serait plus rien pour moi. Je me tournai et lui fis face.



– Tu vois Élise. Ce que tu vois là, c'est de l'amour! Un sentiment dont tu es dépourvue. Jamais tu ne sauras ce que ça fait d'aimer quelqu'un et d'être aimée en retour. Tu pensais pouvoir me contrôler mais tu as eue tort. Une dernière chose avant que tu ne disparaisses de ma vie à jamais. Si un jour et je vais reprendre ton expression, j'écarte les cuisses et me retrouve enceinte, c'est que j'aurais..., pardon..., que nous aurons décidé de l'avoir et crois-moi, il pourra compter sur tout notre amour à son père et moi. Et en aucun cas et c'est une nouvelle promesse, en aucun cas tu n'entendras parler de lui car tu es la pire personne qu'il pourrait rencontrer dans toute sa vie. J'ai beaucoup de peine à penser que maman t'aimait et que tu en sois arrivée là mais je sais une chose, elle serait fière de moi en ce moment même.



Je levai la main comme pour lui rendre la gifle qu'elle m'avait donné mais alors que mon bras était levé, je le rabaissai vivement.



– Tu vois, je ne vais même pas me rabaisser à ça. Je vaux mille fois mieux que toi.



Sur ces derniers mots, je retrouvais Ian qui m'attendait à quelques pas et nous rejoignîmes mon père qui avait assisté à la scène depuis la voiture.



– Je suis fière de toi ma chérie. Me lança Gabriel en me serrant contre lui et en m'embrassant le sommet de la tête. Je t'aime ma belle.
– Je t'aime aussi papa. 

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