samedi 24 novembre 2012

Chapitre 10






 – Mets ça mon amour, me dit Ian en me tendant un paquet.
 – Qu'est-ce que c'est?
 – Ouvre, tu verras bien.

J'ouvris la boîte. À l'intérieur, il y avait une petite robe de couleur noir. Je me déshabillai aussitôt et la passai par- dessus mes sous-vêtements. Ian régla les fines bretelles et je pus m'admirer dans la glace. Elle m'arrivait juste au-dessus du genoux et sa ceinture satinée soulignait à merveille ma taille fine.

– Suis-moi... je t'emmène en balade, me lança Ian, un grand sourire sur les lèvres, une fois que j'eus enfilé des chaussures.
– Où allons-nous ?
– Tu verras, c'est une surprise.

Ian me prit la main et m'entraîna de couloirs en couloirs, jusqu'à la cour de l'institut. Une voiture nous y attendait. Ian m'ouvrit la portière et m'invita à m’asseoir avant de prendre place derrière le volant. Il roula doucement pour sortir de l'enceinte et s'arrêta au portail en attendant qu'il s'ouvre.
Une silhouette attira mon attention pour je ne sais quelle raison. Elle était grande, vêtue d'un pantalon large et sombre, ainsi que d'un sweater à capuche noir. Elle avait la tête baissée, regardant le sol.
J'eus juste le temps de la voir se redresser quand Ian démarra. J'ignorais pourquoi j'avais accordé autant d'attention à une simple personne mais ce souvenir me trotta dans la tête quelques minutes encore.

– À quoi penses-tu ?
– C'est trop calme.
– Pardon..., tu veux que je mette de la musique ?
– Non. Je parlais de l'institut.

– Je vois ce que tu veux dire.
– Qu'en penses-tu ?

– Mon instinct me crit que c'est pas normal, mais j'ai envie de croire que la situation était dû à la mixité de l'institut.

– Tu penses qu'on va rentrer ?
– D'ici peu de temps...

– J'aimerais...
– Oui quoi ?

– J'ai promis à Brice qu'on trouverait ce qui est arrivé à Cassie.
– On a aucun indice Sil, je suis désolé mais j'ai bien peur qu'on ne sache jamais ce qui est arrivé aux disparu.  

– J'ai de la peine pour lui.
– Je sais Silver. J'ai bien vu que tout les deux vous vous étiez rapprochés.
– Il ne se passe rien entre nous ! me défendis-je, ne voulant pas que Ian ait de doute sur moi.

– Je sais Sil... Je disais juste que j'avais vu qu'une amitié sincère s'était tissée entre vous.
– Je lui apporte mon soutien et...

– Oui ?
– Ian, je dois t'avouer quelque chose.

– Quoi donc ?

Je pris mon courage à deux mains. J'avais caché à Ian mes divers entraînements avec Brice. Je ne lui avais pas dis pour deux raisons : la première, j'avais essayé une fois et il avait refusé de m'écouter. La seconde, Brice m'avait convaincue de garder tout cela sous silence tant que je n'étais pas capable de soigner à distance et de me défendre avec mes pouvoirs.
Mais aujourd'hui, j'y arrivais. Si Ian ne m'avait pas emmenée pour cette surprise, je l'aurait entraîné dans la salle d'entraînement pour lui montrer ce dont j'étais capable. Il fallait que je lui dise.

– Silver ? Tu m'inquiètes.
– Il n'y a rien de grave mais je doute que ça te fasse plaisir.
– Je t'écoute.
– D'abord, promets-moi de m'écouter jusqu'au bout et de ne pas m'interrompre.
– J'aime pas ça mais ok.

Je pris une grande inspiration et vidais mon sac à Ian. Je lui expliquais que chaque soir, au lieu d'aller voir Cloé comme je le lui disais, j'allais retrouver Brice. Je lui expliquais que nous allions dans le petit bois au fond du domaine. À ce moment, je crus qu'il allait s'énerver et couper court à cette conversation mais Ian tint sa promesse et ne m'interrompit pas. Je lui expliquais que jour après jour, Brice m'aidait à me concentrer et à progresser.

– Très bien.
– C'est tout ce que tu as à me dire ? Tu ne m'en veux pas ?
– J'aurais aimé être là pour toi, que tu puisses m'en parler. Au lieu de ça, j'ai laissé mes craintes prendre le dessus et je t'ai obligée à me cacher tout ça. Tu avais besoin de moi et j'ai pas assuré.
– Tu voulais me protéger !
– J'ai du mal à accepter que tu sois aussi forte que moi. Euh... même plus forte à présent d'après ce que tu me dis.
– Tu ne m'en veux pas trop ?
– Et toi ? Tu m'en veux ?
– Évidement que non.

Ian me sourit et me confirma qu'il ne m'en voulait pas du tout. Il ajouta que s'il avait quelqu'un à blâmer il n'avait qu'à s'en prendre à lui même.
J'aurais dû, depuis le temps que je le connaissais, être habituée aux réactions incroyable de mon fiancé et pourtant il me surprenait toujours un peu plus.

Un peu plus tard, Ian stationnait la voiture et venait m'ouvrir la portière.

– Où m'emmènes-tu ?
– Au « Bluepint », nous allons dîner !

J'observais ma tenue et me demandais si elle allait être adaptée au lieu. Je me rassurais finalement en me disant que s'il avait choisi cette robe, c'est qu'elle serait parfaite pour ses projets.
À notre entrée, un serveur nous proposa de le suivre et nous conduisit jusqu'à une table. C'est alors que je découvris la vue éblouissante que nous offrait l'immense baie vitrée de ce restaurant. D'où nous étions, nous pouvions admirer « Tower Bridge ». La nuit étant tombée, ses lumières se reflétaient sur la Tamise donnant au paysage un semblant d’irréalité.

– La vue te plaît ? 
– C'est magnifique.

Ian me sourit à nouveau. Nous joignîmes nos mains par- dessus la table et nous fixâmes un long moment sans rien dire. Je pouvais sentir les doigts de mon fiancé jouer et faire tourner ma bague. Mon regard quitta le sien pour la regarder. Je ne l'avais pas enlevée une seule seconde depuis qu'il l'avait mise à mon doigt mais restais toujours en admiration devant sa beauté. Je n'en revenais pas qu'il m'ait offert ce bijoux si précieux à son cœur. C'était tout de même la bague de sa mère. Pour avoir perdue la mienne, je savais combien chaque petit objet pouvant nous rappeler le moindre petit souvenir était précieux. Le simple fait de la regarder me rappelait combien je l'aimais et combien j'étais fière qu'il veuille faire de moi sa femme. J'avais d'ailleurs de plus en plus hâte de célébrer notre mariage devant nos amis. Aucune date n'avait jusqu'à ce jour été donnée mais j'y pensais de plus en plus. Ian y pensait-il également ?


– À quoi penses-tu mon ange ?
– À rien de spécial, juste que j'avais beaucoup de chance de t'avoir dans ma vie.
– C'est moi qui en ai de t'avoir. Sil... ?
– Oui ?
– Raconte-moi un peu ce qu'à donné ton entraînement.
– Tu es certain de vouloir que je t'en parle ?
– Évidement ! Tout ce qui te concerne m’intéresse.
– Brice ne m'a pas vraiment ménagée. Il me faisait parler et me battre en même temps, éplucher des pommes de terre et le guérir alors que cet idiot se coupait volontairement. Le plus dur c'était de courir et de me concentrer sur ce qu'il se passait autour de moi pour me rendre compte des blessures ou des attaques de Brice.
– J'ai l'impression qu'il s'est donné beaucoup de mal pour te faire avancer. J'aurais dû être à sa place. Je regrette vraiment de t'avoir lâché.
– Je ne t'en veux pas pour ça ! Tu étais simplement inquiet pour moi.
– Et je le serai toujours.
– Et je t'aime pour ça ! Ce qui compte, c'est que j'y arrive maintenant et que cela va nous être d'une grande aide.
– Tu y parviens vraiment ? Sans te mettre en danger ?
– Oui et si tu veux je te montrerai ce dont je suis capable à présent dès que nous serons rentrés.
– Avec plaisir mais profitons d'abord de la soirée tu veux bien ?


Je hochais la tête en lui adressant un grand sourire. On nous servit des plats tous plus excellents les uns que les autres. Après avoir dîné, nous reprîmes la voiture. Ian se gara non loin de « Hyde Park » ou nous passâmes un long moment l'un contre l'autre à regarder l'eau jaillir d'une fontaine. Ici, j'avais presque l'impression que nous étions revenus à New-York et que nous nous trouvions dans « Central Park » J'ignorais qu'il existait d'autre parc aussi vaste et aussi beau.
Il était un peu plus de minuit lorsque nous rentrâmes à l'institut après avoir visité la ville en voiture. Avec toutes ses lumières, Londres était magnifique une fois la nuit tombée.

Nous croisâmes Brice à notre arrivée. Ce dernier se dirigea alors vers nous mais à peine était-il à notre niveau que Ian lui envoya son poing dans la figure.

– T'es malade ?! s'exclama Brice en le frappant à son tour.
– Ça c'était pour avoir maltraité ma fiancé dans mon dos et ça s'est pour m'avoir frappé ! Lui répondit Ian en lui assénant un nouveau coup.
– Heureusement que j'étais là sinon elle n'aurait toujours pas acquis la totalité de ses dons, lui rétorqua Brice sans cesser de se défendre et d'attaquer à son tour.
– Tu n'avais pas à t'en mêler !
– Ça suffit tout les deux ! tentai-je de les couper pour mettre fin à leur bagarre. Arrêtez ! Vous allez m'écouter oui ?!

Comme les garçons étaient plus occupés à se battre qu'à m'écouter je décidais de les séparer grâce à mes pouvoirs. Je rassemblai alors une vague de puissance et les projetai tous deux à quelques mètre l'un de l'autre. Ian se redressa et me regarda incrédule. Mon intervention avait au moins eu le mérite de les calmer tous les deux. Devant sa mine défaite, Brice se mit à rire, ce qui déclencha mon hilarité. Brice se releva le premier et tendit la main à Ian pour l'aider à en faire de même. Ce dernier la prit et se mit debout. Une fois certaine qu'ils n'allaient pas recommencer, je m'approchais d'eux.

– Ne t'avise plus de lever la main sur Sil !
– Promis, lui répondit Brice. Mais c'était pour son bien et crois moi quand je te dis que je n'ai retiré aucun plaisir à le faire.

Ian se tourna vers moi.

– Tu es incroyable mon ange, me dit-il avant de m'attirer à lui et de m'embrasser.
– Je comptais te le montrer mais pas de cette manière, navrée.
– Qu'es-tu capable de faire exactement ?
– Je... je suis capable de guérir sans voir vraiment la blessure et tout en me défendant. Il suffit qu'on me dise ce que je dois guérir. Je peux également me battre à distance en déplaçant des objets. Et comme tu viens de constater par toi même, je peux rassembler mon énergie et la propulser en vague de puissance.
– Je ne savais même pas que cela était possible ! s'exclama Ian.

– Moi non plus, lui répondit Brice. Du moins, pas avant qu'elle ne m'envoie à travers le terrain pour l'avoir attaquée par derrière.
– Au début je ne le contrôlais pas, ça venait tout seul. Puis on a compris que c'étaient mes émotions qui contrôlaient mes dons. Ma peur, mon angoisse, ma colère... toutes m'aident à attaquer ou à me défendre sans que j'ai besoin de me concentrer.
– Qui est au courant ? me demanda Ian.
– Personne, à part Brice, toi et moi.
– Il vaut mieux le garder pour nous pour le moment. On ne sait jamais. L'effet de surprise pourrait bien nous être très utile.

Brice et moi hochâmes de la tête en même temps puis mon ami s’excusa auprès de Ian. Il lui avoua qu'à sa place, il n'aurait pas apprécié lui non plus. Les garçons se serrèrent la main.
Nous rentrâmes ensuite et Brice nous laissa pour rejoindre sa chambre. Une fois dans la nôtre, nous allâmes prendre notre douche et nous coucher.

– Tu n'aurais pas dû le frapper, dis à Ian, une fois allongée contre lui.
– Je sais mais c'était plus fort que moi.
– Tu n'as pas à être jaloux de Brice...
– Je sais mais...
– Mais quoi ?
– Je ne sais pas trop. Disons que c'était une simple pulsion !
– J'espère que tu n'en auras pas d'autres.
– Vraiment ? me murmura-t-il à l'oreille. C'est bien dommage car je sens qu'une nouvelle s'empare de moi.
– Si elle me concerne alors peut-être que...

Je fus coupée par une vague de désir qui s'empara de moi au moment où les lèvres de Ian se mirent à parcourir mon cou. Cette douce chaleur, si habituelle maintenant, s'empara entièrement de moi et me livra à celui qui me caressait doucement. Mon corps se courbait malgré moi sous les mains de Ian lui intimant de continuer.

– Tu es si belle quand tu es à ma merci, souffla-t-il doucement. Silver... épouse-moi !
– Je t'ai déjà répondu..., ris-je.
– Ce que je veux dire, c'est marions-nous dès notre retour. Je ne veux plus attendre pour t'avoir jour et nuit rien que pour moi, pour te faire l'amour sans avoir peur qu'on nous interrompt. Je veux qu'on se marie et qu'on s'installe ensemble et pourquoi pas pour avoir des enfants, des petites Silver...
– Ou des petits Ian, le coupai-je.
– Quand dis-tu ?
– Quand rentrons-nous ? demandai-je aux anges.
– Tu veux bien ? Tu ne trouves pas que c'est trop tôt ?
– Je trouve que ce sera parfait ! Je t'aime et ne souhaite qu'être à toi. Pourquoi attendre plus longtemps puisque nous nous aimons ?!


Ian m'embrassa comme jamais. Lui comme moi étions comblés par la présence ce l'autre. Pourquoi attendre pour officialiser notre amour puisqu'il ne pourrait jamais être plus fort que maintenant ? J'avais trouvé l'homme qu'il me fallait et j'espérais être celle qui saurait combler ses désirs.

Cette nuit là, Ian et moi fîmes l'amour et étions encore lovés l'un contre l'autre lorsque des coups retentirent à la porte. J'ouvrai péniblement les yeux et me rendis compte que je n'étais pas en train de rêver.

– J'y vais, dis-je à Ian qui semblait plus endormi que moi.

J'allais ouvrir et découvrais Samantha devant la porte.


– Il y a eu une nouvelle disparition. Réunion dans la grande salle dans dix minutes.
Je refermais la porte. Ian s'était levé et se dirigeait déjà dans la salle de bain. Je l'y rejoignais et me lavais tout aussi vite que lui avant de m'habiller.
À notre arrivée dans la salle, je remarquais qu'il manquait encore Brice et Saddie. Je priais de tout mon cœur pour que tous les deux aillent bien et qu'ils entrent à leur tour. Ce fut le cas pour Brice à mon plus grand soulagement mais lorsque Brithany prit la parole, Saddie ne nous avait toujours pas rejoints.

– Comme vous pouvez le voir, Saddie n'est pas là. Elle n'est pas venue alors que nous avions rendez-vous dans mon bureau. Elle a pourtant quitté sa chambre ce matin en prévenant Katty. Je pense qu'elle a été enlevée à son tour mais pour nous en assurer nous allons fouiller tout le domaine par équipe de trois.

Les groupes se firent très vite et nous nous mîmes tous à la recherche de notre amie. Brice, Ian et moi avions reçu le périmètre extérieur de l'entrée principale. Rose, Dimi et Cloé devait s'occuper de celle du fond. Là où nous avions trouvé les indices au départ. Alors que nous arrivions tous les trois devant la grille d'entrée, mon attention fut attirée par le trottoir d'en face. Le type à capuche était toujours là. Était-il resté là depuis la veille ? Non, il devait juste affectionner l'endroit. Mais pourquoi ? Il n'y avait rien à part quelque demeures luxueuses.

– Ian, Brice, regardez là-bas.
– Qu'as-tu vu ? me demanda Brice.
– Le type avec la veste à capuche. Il était déjà là hier quand Ian et moi sommes partis, ainsi qu'à notre retour. Vous ne trouvez pas étrange qu'il soit toujours là ?
– Allons le voir, il sait peut-être quelque chose.


Ian, Brice et moi traversâmes la rue. En nous voyant, l'homme se mit à courir. Nous en fîmes de même et tentâmes de le rattraper. Nous arrivâmes dans une petite rue vide. L'inconnu commença à escalader une grille. Je jetais un coup d'œil autour de moi afin de trouver quelque chose qui pourrait nous aider. Un tas de gravas attira mon attention. À l'aide de ma télépathie je déplaçai la plus grosse pierre et la dirigeait vers la tête de l'homme qui arrivait presqu'en haut de son ascension, talonné par les garçons. L'arme improvisé le percuta et il tomba à la renverse. Je rejoignis Ian et Brice qui se tenaient devant l'inconnu, leur athamé à la main, prêts à se défendre. Son visage était toujours caché par sa capuche. D'un geste prudent, et malgré les protestations des garçons, je me baissais et soulevais le tissu.
Il s'agissait d'un jeune garçon, sûrement de notre âge. Il était toujours inconscient. J'avais dû y aller un peu fort. Je lui tapotais la joue afin de le réveiller. Son visage était tourné vers moi. Il bascula la tête vers Brice qui se trouvait de l'autre côté ce qui nous laissa voir l'autre face de son visage. Le pauvre garçon était complètement défiguré  comme brûlé. J'émis un petit cris de surprise. En m'entendant, il se tourna de nouveau vers moi, me fixa de son regard d'ambre et disparu sous nos yeux.




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