samedi 29 décembre 2012

Chapitre 15




 Quand j'ouvris les yeux à nouveau, tout était silencieux et sombre. Je ne voyais rien autour de moi. Où étais-je ? Certainement plus dans mon lit, je ne percevais même pas l'odeur de Ian. Que s'était-il passé ? Je tentai de me lever. Je vacillai légèrement mais ce qui me gêna le plus fut le bruit de chaîne qui accompagna mon geste. J'étais retenue par les chevilles à un mur. La panique me submergea et j'eus beaucoup de mal à me calmer. Des bruits de pas approchant me parvinrent. Je m'assis à nouveau par terre en essayant de faire le moins de bruit possible, contre le mur et fis semblant de dormir. J’essayai au mieux de calmer les battements de mon cœur et ma respiration. La panique ne m'aiderait pas à comprendre ce que je faisais ici et à en sortir. Un bruit de porte en fer, des voix. Deux hommes venaient d'entrer. Je reconnus aussitôt celle de Jack mais l'autre m'était inconnue. Ils s'approchèrent jusqu'à n'être qu'à quelques pas de moi. Je priai pour qu'ils ne se rendent pas compte de mon réveil et de ma panique.

  • Tu es certain qu'il était avec eux ?
  • Oui. Il nous a tous trahis. Il va le payer.
  • Gabriel s'est toujours montré un élément efficace pour nous, j'ai du mal à croire qu'il ait fait ça.

Ils savaient donc pour mon père.

  • Et elle reprit l'autre homme, en parlant certainement de moi.
  • Je vais m'occuper d'elle, Erin et moi avons un compte à régler.

Il parlait bien de moi... Quel compte avions-nous à régler exactement ? Il avait essayé de me tuer et si l'un de nous devait en vouloir à l'autre ça aurait dû être moi. Bon, peut-être m'en voulait-il pour son enfermement mais, n'était-il pas lui même responsable de cette situation ? Qu'est-ce que Jack allait faire de moi ?

  • Méfie-toi de cette fille !
  • T'en fait pas, je ne risque pas grand chose ici et puis elle n'en a plus pour longtemps.
  • Fais ce qu'il faut et rejoins-nous à Paris ensuite.

Jack ne répondit pas. Des bruits de pas et le son de la porte m'indiquèrent qu'ils étaient partis et pourtant je ressentais comme une présence.

  • Tu peux ouvrir les yeux, je sais que tu es réveillée.

Mince ! J'étais fichue. J'obéis et lui lançai un regard sombre dès que mes yeux se furent accommodés à la lumière que Jack avait allumé. Je ne devais pas être très crédible mais je voulais qu'il se rende compte du mépris que j'avais pour lui.

  • Comme on se retrouve ! Je suis content de te voir Erin.
  • J'aimerais pouvoir en dire autant ! crachai-je.
  • Même enchaînée tu trouves le moyen d'être insolente.
  • Méprisante plutôt, le corrigeai-je.
  • Peu importe, dit-il en s'accroupissant devant moi.
  • Que veux-tu Jack ? Et où sont les autres ?
  • À cette heure-ci, je dirais qu'ils sont tous morts.
  • Je ne te crois pas ! hurlai-je en retenant mes larmes.
  • Quant à toi, je vais m'amuser un peu, puis je te tuerais, tu ne me sers à rien, reprit-il comme si de rien n'était.

Jack tendit la main vers mon visage mais j'arrêtai aussitôt son mouvement.

  • Ne fais pas ta sauvage. D'ici quelques temps, tu me supplieras de te toucher et de te tuer.
  • Tu peux toujours rêver.
  • C'est ce qu'on va voir. Tu ne seras plus aussi rebelle quand tu mourras de faim et que tu seras épuisée.
  • On va me sortir de là et crois-moi, je prendrais plaisir à me débarrasser de toi moi-même.
  • Nous verrons bien qui tueras l'autre en premier alors. Je repasserai plus tard, si tu es gentille avec moi, peut-être que je te donnerai un peu d'eau.
  • Tu peux bien te la garder !
  • Soit ! dit-il en se levant. On en reparlera quand tu seras plus coopérative.

Sur ces dernières paroles, Jack quitta la pièce après avoir éteint à nouveau la lumière, me laissant à nouveau dans la pénombre. Je ne pus retenir mes larmes. Devais-je vraiment croire que tous mes amis étaient morts ? Comment cela pourrait-il être possible ? Ian... Chloé... la petite Issy... Non, je refusais de croire cela, et pourtant... Je tirais de toutes mes forces sur mes chaînes, en vain. J'avais bien trop abusé de mes dons pour parvenir par la pensée à écarter un maillon et mes pleurs finir de m'épuiser et je m'endormis bien malgré moi.



La silhouette de Ian se dessine devant mes yeux. Il est vivant, il vient me sortir de là. Comment est-il entré sans que je ne l'entende ?

  • Ian mon amour...

Je n'ai aucune réponse. Je me lève d'un mouvement brusque pour me jeter dans ses bras et suis surprise de constater que je ne suis plus attachée. Mais au moment où mon corps aurait dû le sien, il passe au travers. Surprise, je me retourne. Ian n'est plus là. Je me mets à hurler son nom.
C'est alors que je me réveillai. J'étais toujours assise par terre, désorientée. Combien de temps avais-je dormi ? La porte s’ouvrit et la lumière s'alluma. Je me cachai les yeux de mes mains pour atténuer l'agression de cette vive lueur.

  • Encore un rêve ! Je te l'ai dis Erin, Ian est mort, inutile de l'appeler.
  • Tu mens !
  • Comment expliques-tu qu'il ne soit toujours pas venu te chercher depuis le temps ?
  • Depuis le temps ? répétai-je. Depuis quand suis-je ici ?
  • Oulala, tu ne t'arranges pas ma pauvre. Ça fait trois semaines que nous sommes tout les deux.
  • Trois semaines... mais...

Je ne pus terminer ma phrase, submergée par mes larmes. Ian était vraiment mort.

  • Erin, Erin, Erin... Tous les jours tu me fais le même coup de la pauvre fille en larmes. T'en as pas assez ? Fais-toi à l'idée, il est mort, il ne viendra pas te sauver. J'avoue cependant que la situation m'amuse beaucoup. Sans rien faire, je peux lire le désespoir et la souffrance chaque jour sur ton visage.

Jack s'approcha de moi et je n'eus même pas la force de le repousser lorsqu'il caressa de sa main ma joue baignée de larmes. Son contact fut désagréable, répugnant. Je voulais mourir. Ne plus ressentir ce néant au fond de moi. J'étais vide, morte à l'intérieur. Seule mon enveloppe et ma souffrance me gardaient prisonnière sur terre. J'avais donc passé un peu plus de vingt jours ici sans en avoir pleinement conscience. Trois semaines que je niais les faits. J'étais donc seule, abandonnée et j'avais perdu tout ceux que j'aimais.

  • Tue-moi ! Je t'en supplie, abrège ma vie.
  • Je te l'avais bien dis que tu me le demanderais. Mais Erin... je n'en ai pas fini avec toi.
  • Pourquoi me hais-tu à ce point ?
  • Ce n'est pas toi que je déteste, c'est ce que tu es.
  • Mais je n'ai pas choisi d'être un ange, sanglotai-je.
  • Mais tu es ce que tu es et entre nos deux espèces c'est la guerre, je te tue ou tu me tues. C'est comme ça, c'est notre vie.
  • Ça pourrait être autrement...
  • Non, ça ne pourra jamais être autrement.
  • Alors tue-moi !

Jack fit mine de réfléchir, faisant naître en moi une flamme d'espoir.

  • Non, finit-il par dire, un sourire sournois sur les lèvres. J'aime trop te voir ainsi. Regarde-toi ! Tu n'es plus rien. Tu ne ressembles à rien. Regarde-toi, me dit-t-il.
  • Peu importe.
  • Regarde-toi !

J'obéis, juste pour qu'il arrête de crier et me tue enfin. Il avait raison, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Une coquille vide, amaigrie et salle. En me voyant ainsi je ne pus m'empêcher de me demander comment ma vie avait pu s'effondrer à cette vitesse.
Jack me laissa à nouveau dans le noir, refusant de me tuer, préférant se délecter de ma déchéance et de ma mort à petit feu. Blottie dans le coin du mur, je fis un bon dans mon passé. Je me revis toute petite, à l'époque la plus lointaine que je puisse me souvenir.
Je dois avoir cinq ou six ans, pas plus. Maman m’emmène voir un ballet. J'ouvre de grands yeux devant ce spectacle merveilleux. Je suis subjuguée par la danseuse qui vient d'entrer en scène.

  • Regarde Savannah, c'est la danseuse étoile. Regarde comme elle est gracieuse.
  • On dirait une princesse...

La jeune femme en question saute, tourne et vole dans les bras d'un danseur. C'est magique. C'est la première fois que je vais à un ballet et même si je ne comprends certainement pas tout, je profite, émerveillée par la musique et les jolies danseuses. Après la représentation, maman et moi allons manger une glace puis, rentrons à la maison. J'ai des étoiles plein les yeux et n'ai aucun mal à m'endormir.

Le souvenir suivant me ramena quelques années après, je devais avoir dix ans. J'avais supplié maman pour qu'elle m'inscrive à des cours de piano et malgré nos faibles moyens, elle avait accepté.
Je participe au premier spectacle du conservatoire où je suis inscrite. J'ai le trac, cachée derrière le grand rideau de velours rouge du théâtre, à attendre que ce soit mon tour. Je sais que maman est assise dans la salle et j'ai hâte de lui montrer que mon année de piano a porté ses fruits. J'ai préparé un petit morceau, pas très long mais que je connais parfaitement et j’espère de tout mon cœur qu'elle sera fière de moi. Lorsque mon tour est venu, je m'avance fébrile jusqu'au piano et m’assieds sur le tabouret. Mon regard croise celui brillant de ma maman et après avoir soufflé je me mets à jouer la petit mélodie apprise. À la fin, la foule se lève et m'applaudit avant que je ne laisse la place à l'élève suivant. Une fois tout le monde passé, nous revenons tous sur scène saluer les spectateurs. Un pot est organisé et dès que ma mère arrive je me jette dans ses bras.

C'est cet instant que mon esprit choisit pour me ramener vers un autre souvenir. Celui de l'enterrement de ma mère. Pourquoi revivre ce moment terrible ? Mon esprit ne me laissa pas le choix.
Je marche derrière les hommes portant le cercueil de maman dans le cimetière. Je sens derrière moi, la présence de tous les amis et collègues de ma mère venus lui témoigner une dernière fois leur amour. Auprès de moi, se trouve Angeline Corkes, sa meilleure amie. Elles se connaissaient du temps où maman dansait. Elle me tient la main et m'apporte tout son soutien pour que je ne m’effondre pas sous le poids de ma tristesse. Angeline m'a dit juste avant la messe qu'elle serait là si j'en avais besoin et c'était le cas à ce moment précis, elle était présente pour moi. Les hommes s'arrêtent devant un grand trou et déposent le cercueil juste au dessus. L'homme d'église dit à nouveau quelques mots et demande si quelqu'un veut parler à son tour. Les gens se lancent alors des regards et c'est finalement Angeline qui commence. Elle partage sa rencontre avec ma mère. Quand elle a terminé, d'autres en font de même. Je veux à mon tour adresser mes adieux à ma mère mais au moment de parler, ma gorge se noue et je suis incapable de prononcer le moindre mot.
Le cercueil descendu, on m'invite à y jeter une rose. La foule imite mon geste avant de quitter les lieux et de se disperser. Une fois seule avec Angeline, je peux me laisser aller à mes larmes et me laisser tomber à genoux devant le trou que les hommes sont déjà en train de combler. L'amie de ma mère me laisse pleurer puis, vient m'aider à me relever et me raccompagne à la maison où je dois faire mes valises pour aller vivre chez ma tante.

Les souvenirs défilaient dans ma tête sans que je les contrôle, comme pour me sortir d'une réalité insoutenable. Je n'étais même plus consciente du temps qui passait.

Dans mon souvenir suivant, j'étais dans ma chambre, enfin, dans la petite pièce où Élise m'avait installé un lit et une armoire.

  • Sanvannah, dépêche-toi de te lever feignasse ou tu vas encore être en retard à l'école. Et n'oublie pas tes corvées !

Comment les oublier ? Chaque matin, ma tante me lève plus tôt pour que j'ai le temps de me préparer, de faire mon lit, de nettoyer la salle de bain ainsi que la cuisine. Le salon et la salle à manger font partie de mes corvées du soir. J'ai plus l'impression d'être sa femme de ménage que sa nièce.
Comme je ne lui ai pas encore répondu, ma tante débarque dans ma chambre, rouge de colère, tire sur ma couverture et me tire par le bras pour que je me lève. Je suis épuisée. La veille, elle m'a fait écrire pendant des heures certains passages de la bible qu'elle pense que je n'ai pas intégré. Tout ça parce que lorsqu'elle est arrivée j'étais en train de discuter avec le frère d'une copine de classe qui avait été gardé en retenue.
Elle me tire si fort et si vite que mes jambes n'ont pas le temps de réagir. Je me retrouve sur le sol, au pied de ma tortionnaire de tante.

  • Dépêche-toi !
  • Oui ma tante, dis-je simplement.
  • Le travail et la discipline, il n'y a qu'avec ça que tu deviendras quelqu'un de bien. Jamais je ne te laisserai jamais devenir comme ta mère.

Sur ces mots, elle quitte la pièce non sans me rappeler une dernière fois de me presser. Maman me manque mais je sais qu'elle ne reviendra jamais. Soit forte ma fille. Ces paroles de ma mère me redonnent courage. Je me relève afin de me mettre au boulot.


  • Je ne ferais pas ça à ta place ! intervient une voix.

Je suis à présent en haut d'un immeuble. J'abaisse alors mes bras qui étaient écartés et me retourne sans pour autant descendre du rebord de l'immeuble où je me trouve.
Je reconnais cette voix, c'est celle de Ian. Je revis notre rencontre.

  • C'est à moi que tu parles ? demandais-je d'une voix trahissant ma frustration.
  • Tu vois quelqu'un d'autre sur le point de sauter d'un toit ?

À ce moment, je ne le savais pas encore mais il était mon âme sœur.

  • Je te disais simplement que si j'étais toi je ne ferais pas ça ! Mais tu fais ce que tu veux...
  • Que fais-tu là ? J'avais fermé derrière moi. Comment as-tu fais pour monter ici ?
  • J' me baladais et j' me suis dis « tiens, si j'allais voir cette fille qui me semble totalement perdue et sur le point de faire la plus grosse connerie de sa vie ! » et me voilà.

C'était son instinct incroyable qui l'avait alors guidé jusqu'à moi et c'est grâce à ce don qu'il m'avait sauvé la vie ce jour-là sur ce toit. Je me revis discuter avec lui.

  • Si tu sautes... je saute aussi, me lança Ian en se plaçant près de moi.
  • Pourquoi ferais-tu ça ? dis-je.
  • Ben, pour plusieurs raisons !
  • Et je peux savoir lesquelles ?
  • Tout à fait ! Premièrement ma vie est pas toute rose, j'ai tous les jours de graves décisions à prendre, je rencontre le danger à chaque coin de rue et surtout, je ne pourrais plus me regarder en face si je te laisse sauter.

Je me souvenais parfaitement de ce qu'il m'avait dit. Je lui avais cédé et j'avais emménagé à l'institut. J'y avais eu une nouvelle identité, m'étais fait des amis et j'avais surtout trouvé l'amour.

Je m'effondre sur le sol, Samantha pose la main sur mon visage et essuie mes larmes qui coulent sans que je m'en rende compte. Sans faire attention à elle, je me relève et me dirige vers une porte. Elle essaye de me retenir par le bras mais elle ne peut me couper dans ma lancée. Je suis dans l'infirmerie, les rideaux sont tirés mais le jour passe légèrement me laissant l'entrevoir sur le lit. Ian est là, étendu. À ce moment là, je ne sais pas encore ce qu'il s'est passé ce jour-là. J'apprendrai plus tard que Jack l'avait attaqué.
Je m'approche lentement de lui. Samantha a soigné son front et lui a mis un pansement. Quand à la plaie profonde sur laquelle j'ai tant appuyé pour retenir son sang dans son corps, elle est recousue. Je vois les points de suture qui la referment. Mes larmes se déversent toujours et je ne peux les retenir tout comme à l'époque.
Du bout des doigts j'effleure doucement le contour de son visage, puis je passe ma main dans ses cheveux. Une pointe se plante dans mon cœur. Devant mes yeux, il dort. Il dort simplement.



En ouvrant les yeux la réalité de la mort de Ian me frappa de plein fouet. Je fermai aussitôt les yeux et me laissai filer vers un nouveau souvenir. Le jour où Ian s'était vu offrir une voiture par son père. Nous roulions très vite au beau milieu de la circulation de Manhattan. Je me souvenais que ce jour-là, il était si en colère après son père.

  • Ne t'énerve pas comme ça s'il te plaît, je te rappelle que tu as le volant entre les mains, dis-je.
  • Excuse moi ! Je ne voulais pas te faire peur, tu sais que je n'en ai pas après toi.
  • Ce n'est pas toi qui me fais peur mais plutôt ta conduite !
  • Pardon ! s'excuse-t-il à nouveau.

La voiture ralentit aussitôt.
Ce jour-là, nous étions retourner sur le toit, sur notre toit. C'est là-haut qu'il m'a fait une révélation.

  • Bon ok, tu as raison Sil. Depuis que tu m'as sauvé, j'ai l'impression de devoir être avec toi à tout moment, chaque instant où je suis éloigné est un vrai calvaire. Je ressens comme un manque quand on est séparés d'où le fait que je te propose tout le temps de venir avec moi.

Sentiment que je partage mais que je me refuse de lui révéler. Quelle bêtise !

  • Ne t'en fait pas Silver ! Je ne vais pas envahir ta vie privée et puis c'est pas comme si j'étais amoureux, lance-t-il en me souriant.

Menteur ! J'ai vite appris qu'il était déjà amoureux de moi à ce moment-là. Moi aussi d'ailleurs, j'étais déjà folle de lui. Nous avions discuté encore un peu, puis étions rentrés.

Le souvenir suivant, je ne le partageai pas avec Ian, ni avec l'un de mes amis. C'est Jack qui se tenait devant moi. Étais-je réveillée ? Non, ces propos faisaient partie de mon passé.

  • Et Ian les tue et tu trouves ça normal pas vrai ?
  • Oui, il protège les humains.
  • C'est un monstre ! Il ne vaut pas mieux qu'un vampire ! Il les tue gratuitement, il ne s'en nourrit même pas !
  • Et bien celle que tu aimes est un monstre elle aussi … Alors tu m'aimes toujours ?



Son regard s’assombrit et soudain je ne vois plus que du mépris pour moi. Il n'est plus que haine. Je viens de lui révéler ce que je suis et c'est de là qu'une guerre naît entre nous.



  • Même si j' n'en ai pas envie, je n'ai pas le choix, je suis désolé Erin, je dois te tuer, c'est mon rôle, je dois éliminer tous les anges de ton espèce. Ne résiste pas, laisse-toi faire et je te promets que ça sera rapide et sans douleur.



Il m'attaque alors, m'obligeant à me défendre et à mettre en œuvre ce que j'ai appris durant mon entraînement. Je ne suis pas à la hauteur.
Et aujourd'hui ? Aujourd'hui non plus, Jack avait une fois de plus gagné et cette fois, personne ne viendrait me secourir à temps. J'allais finir par mourir, mais dans combien de temps ?



En attendant la fin, mon esprit vagabondait dans mon passé. Je revins à un moment un peu avant qu'on n'arrête Jack, quelques heures après le bal. L'un des plus perturbants mais aussi l'un des plus fantastiques moments. J'avais dû faire face à des vampires, ces créatures horribles. De plus, Ian et moi nous étions disputés. C'est après que tout est devenu merveilleux.



  • Je suis désolée que tu n'aies pas pu aller au bal.
  • Peu importe, le principal c'est que tout le monde aille bien.
  • C'est certain, dit-il sans pour autant détourner son regard du mien.



Ian se penche vers moi et me prend dans ses bras. Je blottis ma tête au creux de son cou, ce qui me permet de respirer son odeur, cette senteur que j'aime tant depuis la nuit que j'ai passé tout contre lui. Sa peau a l'odeur du savon, mais c'est surtout son parfum qui m'enivre.
Ian décale un peu son visage. Il est si près du mien que je sens son souffle sur ma peau tellement avide de lui. Il plante son regard dans le mien et c'est comme s'il m'hypnotisait, ce n'est que lorsque ses lèvres frôlent légèrement les miennes et s'en décollent que je réagis à ce qu'il vient de se passer. Ses yeux ne quittent pas les miens, ils attendent sûrement une réaction de ma part, mais j'en suis incapable, je suis pétrifiée.



  • Désolé dit-il face à mon manque de réaction. Je n'aurais pas dû.
  • Ne soit désolé que si tu ne comptes jamais recommencer !



Il me sourit et m'embrasse à nouveau. Malheureusement pour moi, c'est à ce moment que je revins dans le présent. Passer mon doigt sur mes lèvres à la recherche de cette exquise sensation, me demandais énormément d'énergie. Le manque d'eau et d'alimentation m'a complètement épuisée et vidée de toute force. Je voulais repartir dans mon passé. Je m'y sentais mieux. Je voulais oublier jusqu'à ce que la mort me délivre.



Je forçais mon esprit à se diriger vers le moment le plus fabuleux de ma vie.



  • Un jour, j'espère que tu seras ma femme et qu'on pourra fonder notre famille. Je t'aime tellement...
  • Un jour, je serai ta femme et je serai comblée après la naissance d'un mini toi.
  • Ou d'une mini toi...

Je lui offre mon plus beau sourire. Je sais qu'un jour, nous quitterons l'institut pour fonder notre famille et élever nos enfants dans un environnement sécurisé. Ian et moi sommes encore jeunes mais je sens au fond de moi que c'est notre destin. J'ai trouvé l'homme de ma vie, il n'y aura que lui à jamais.

  • Était-ce une demande en mariage ? plaisanté-je.
  • Juste une promesse pour le moment mais...

Ian me fait basculer sur le lit et se lève. Il va fouiller dans son sac et revint presque aussitôt un petit sachet en soie à la main. Il se plante devant le lit et dénoue le petit lien. Je me redresse sur les genoux curieuse de voir ce qu'il va me montrer. Je ne peux pas voir ce qu'il tient dans sa main, mais de l'autre il dépose le petit sac. Ian s'agenouille ensuite devant moi et prend ma main gauche dans la sienne.

  • Je sais que nous sommes encore jeunes et je sais aussi que ce ne sera pas pour demain mais je serai l'homme le plus heureux de la terre si tu acceptais de devenir ma femme. Et cette fois c'est une demande en mariage, ajoute-t-il dans un sourire.
  • Je... euh...

Sans répondre je me jette à son cou et l'embrasse passionnément. Ian détache ensuite ses lèvres des miennes et me regarde intensément.

  • Sil, tu es censées répondre oui... ou non.
  • Pardon. La réponse me semblait si évidente que j'ai oublié de la prononcer. Ian, depuis le début, je sais que c'est toi. Tu es le seul que j'ai jamais aimé à ce point et si je devais te perdre, je sais que ça me tuerait. Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de devenir ta femme et si je devais ajouter un mot, je dirai... OUI !

Ian passe cette magnifique bague autour de mon annulaire. Je reste stupéfaite devant le bijou.

Je portai instinctivement ma main à mon doigt, cette bague était tout ce qu'il me restait de lui à présent.

  • Erin... Erin...

Ce passage n'était pas dans mon souvenir. Et cette voix... On essayait de me réveiller. Jack essayait de me faire quitter ce moment de bonheur. Je refusais et m'accrochais de toutes mes forces à ce moment merveilleux. J'étais blottie dans les bras de mon âme-sœur, de mon amour. Je ne voulais plus le quitter. La mort arrivait et je l'accueillais avec soulagement.

  • Erin...

Non, hurlai-je en moi-même, non... Je me sentais m'éloigner de mon souvenir. Qu'il me laisse tranquille, qu'il me laisse mourir.

  • Silver...

Ian ? Un nouveau souvenir voulait-il s'offrir à moi ?

  • Sil, je t'en supplie, ouvre les yeux mon amour.

Était-il vraiment là ? Non, il est mort, me répétai-je plusieurs fois, me forçant même à me souvenir des paroles de Jack.

  • Tu es mort, murmurai-je à bout de force.
  • Non, Sil, ouvre les yeux, je suis là. Je vais te ramener mon amour.

Je rassemblai les dernières onces d'énergie pour ouvrir les yeux. Peu importe que je découvre Jack, c'était la fin, je mourrais.
Mes yeux clignèrent et eurent du mal à croire ce qu'ils voyaient. Ian était là, il était vivant. Malheureusement, c'était trop tard, c'était la fin. Je me sentis partir sereine de l'avoir vu une dernière fois. Les ténèbres m'envahirent. Je sentis mon corps se relâcher. Je lâchais prise.




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