lundi 7 janvier 2013

Chapitre 16




 Comme dans un film, toute ma vie défila devant moi. J'avais toujours cru que c'était une chose inventée pour le cinéma mais c'était réel. Je me sentais légère et j'étais la spectatrice de ma propre existence. De mon enfance, aux derniers moments partagés avec Ian, tout défilait devant moi. De revoir ma mère souriante, Ian heureux, Sam retrouver son frère Gabriel qui était aussi mon père, les fêtes avec les autres, les voyages avec l'institut... tous ces souvenirs me firent sourire.
Si c'était ça la mort, je l’accueillais avec joie. Je me sentais bien, ne ressentais plus aucune douleur. Je m'observais. J'étais plus belle que jamais, j'étais la Erin heureuse et épanouie de l'institut. Celle qui était aimée de l'homme le plus merveilleux et qui avait retrouvé son père.
Je portais une magnifique robe blanche, fluide et aussi légère qu'un nuage.
Durant quelques secondes, j'eus l'impression de devenir transparente. Que m'arrivait-il ?

  • Il essaie de te ramener ma chérie.

C'était la voix de ma mère. Je me retournai et la vis juste à deux pas de moi. Elle était magnifique, ses longs cheveux volaient dans une brise que je ne sentais pas, tout comme les volants de sa robe légèrement rosée. Elle me souriait et ses yeux brillaient de mille éclats.

  • Maman, c'est vraiment toi ? demandai-je hésitante. Comment est-ce possible ? Alors je suis vraiment morte alors ?! C'est ça ?
  • Oui Savannah, c'est bien moi. Non ma chérie, tu n'es pas morte, ou plutôt tu ne l'es pas encore. Oh ma petite fille...

Sa voix se brisa sous la tristesse. Je me jetai dans ses bras et fus surprise de pouvoir la sentir contre moi. Je pouvais percevoir sa chaleur, son parfum. C'était comme si elle ne m'avait jamais quittée. Bien plus réelle que lorsque la succube me l'avait faite voir.

  • Oh ma petite fille, ma toute petite fille !
  • Tu m'as manqué maman.
  • Toi aussi chérie. Oh Savannah.
  • Tu as dis que je n'étais pas encore morte. Que se passe-t-il alors ? Où sommes-nous ?
  • Savannah, on a peu de temps alors écoute bien ce que je vais te dire. On peut dire que tu es en attente mais il ne tient qu'à toi de repartir.
  • Non ! Non... je veux rester avec toi. Je t'ai retrouvée, je ne veux plus te perdre, je ne le supporterai pas.
  • Ma chérie, je suis là et je le serai dans deux ans tout comme dans dix, trente ou même soixante. Tu es jeune, tu dois te battre et vivre. Laisse-le te ramener, retourne auprès de lui.
  • Lui ? De qui parles-tu maman? De Ian?
  • Écoute ton cœur ma chérie et suis-le.
  • Et toi ?
  • Je vais bien. Je t'attendrai et continuerai de veiller sur toi.
  • Mais... Promis ?
  • Je te le promets ma chérie. Je te le promets.
  • Mais comment faire?
  • Suis ton cœur Savannah, écoute toujours ton cœur, il te guidera dans le bon sens. Je t'aime ma petite.
  • Je t'aime aussi.

Je me sentis disparaître une fois de plus mais cette sensation perdura, jusqu'à ce que mon corps se confonde avec ma robe, jusqu'à n'être plus qu'un nuage, puis un souffle...

  • Dis à ton père que je l'aime aussi, eus-je le temps d’entendre avant de disparaître totalement.



La douleur me fit me tordre. Elle était très intense, à la limite de l’intolérable et pourtant, elle était la preuve que j'étais vivante. Mais où allais-je me réveiller? Dans ma prison, entre les griffes de Jack ? Supporterai-je encore longtemps ses tortures ?
La voix de Ian était-elle réelle ou n'était-elle qu'un songe de plus ? Elle m'appelait. J'eus beaucoup de peine à ouvrir les yeux mais lorsque j'y parvins, la première chose que je pus discerner, ce fut les contours du visage de celui que j'aimais. Où étais-je ? Une faible lumière était allumée juste au-dessus de ma tête. Elle éclairait suffisamment pour que je m'aperçoive que je n'étais plus dans ma prison. Je me sentis rassurée. Un bip régulier se faisait entendre. Je me redressai. Et ce n'est qu'une fois assise que je m’aperçus que j'étais sur un lit d’hôpital mais ma vue était bien trop troublée pour que je puisse vraiment voir tout ce qui m'entourait. Soudain, tout tourna. Je luttai un instant avant de me rallonger incapable de tenir plus longtemps. Je n'étais plus attachée, mais une gêne se fit sentir ainsi qu'une vive douleur. Une perfusion était plantée dans mon bras. Une alarme se fit entendre lorsque je tirai dessus. Elle m’inquiéta sur le coup mais elle ne fut qu'un fond sonore car ce que j'entendais et ce qui accaparait toute mon attention, ce fut la voix de Ian. Un nouveaux souvenir ?! Non, impossible. Il semblait vraiment là cette fois. J'ouvris les yeux à nouveau.

  • Calme-toi mon amour, tu es en sécurité, me chuchota-t-il le visage presque collé au mien, me caressant la joue du bout du doigt.
  • Ian ? parvins-je à demander la gorge sèche et prise de nausée.
  • Oui. Je suis là. Calme-toi, je t'en prie. Tout va bien.

Sa voix était étranglée mais elle était bien réelle. Il était bien réel. Cette fois, il n'était pas un simple songe, il était bel et bien devant moi. Je voulus me relever mais il m'en empêcha. Je tendis alors la main vers sa joue. Il semblait si fatigué. J'avais dû rester dans les griffes de Jack plus longtemps qu'il ne m'avait semblé car Ian semblait avoir vieilli. Une barbe de plusieurs jours se faisait sentir sous mes doigts. Je sentis soudain des larmes couler sur ma main. Ian pleurait.

  • Ne... pleure... pas.
  • Chuttt. Ne t'inquiète pas, c'est juste la joie de te retrouver.
  • Jack ? m'inquiétai-je soudain. Où... est...
  • Tu es hors de danger ici mais il te faut encore du repos. Ne bouge pas, je reviens, tu dois être examinée.
  • Non... reste.
  • Sil, soit raisonnable.
  • Ne... ne me quitte... pas, Ian... je t'en supplie ne...
  • D'accord, d'accord... calme-toi.

Ma voix n'était qu'un murmure et parler me demander des efforts considérables mais il n'y avait rien de plus important que de le savoir en vie et près de moi. Ian s'allongea à mes côtés après que je sois parvenue à l'en convaincre. Je ne pus m'empêcher de grimacer lorsqu'il effleura mon bras. Ma peau était d'une sensibilité exacerbée et le simple frôlement du tissu de son tee-shirt me fit l'effet d'une râpe. Il s'écarta se rendant compte de ma douleur et voulut se relever mais je lui demandai de rester et de me prendre contre lui. J'aimais cette douleur. Elle me rappelait que j'étais en vie et avec lui. Il se mit sur le côté et glissa son bras sous ma tête puis il me dévisagea. Ses larmes ne cessaient de couler sur ses joues. Un nœud se forma dans ma gorge et je fus incapable de dire quoi que ce soit pour le consoler.
Une infirmière entra et s'approcha de mon lit.

  • Oh mais vous êtes réveillée, s'exclama-t-elle. Bonjour Erin, je suis Sandy, votre infirmière.

Je ressentis une forte angoisse, comme si cette femme comptait me faire du mal. Je me blottis aussitôt contre Ian, telle une petite fille cherchant le réconfort des bras de son papa, en mettant ma douleur de côté.

  • Tout va bien Sil, tu ne risques plus rien, me rassura-t-il en me caressant les cheveux.
  • Vous avez là un charmant fiancé qui veille sur vous. Ne vous inquiétez pas, je suis juste venue voir pourquoi l'alarme s'était mise en route.

Elle appuya sur un bouton et la sonnerie cessa immédiatement, rendant à la pièce son calme.

  • Je vous laisse. Tâchez de la laisser se reposer jeune homme, dit-elle à Ian avec un grand sourire. Je vais prévenir le médecin de garde, il passera sûrement vous voir un peu plus tard.
  • Et pour sa perfusion ? demanda Ian.
  • Je repasserai ne vous en faites pas. Elle était presque vide de toute façon.

Elle sortit ensuite de la pièce nous laissant seul, Ian et moi. Je pus enfin me détendre. Elle avait beau paraître très gentille, sa présence me paraissait dangereuse.

  • Depuis... depuis quand...
  • Que tu es ici ?

J'acquis de la tête.
  • Ça fait presque quatre mois Sil. Tu étais presque... si faible qu'ils t'ont plongée dans un coma artificiel durant quelques temps mais ils avaient dit que tu ne tarderais plus à te réveiller. Tout dépendait de toi. Tu t'es réveillée pile à temps mon amour, me sourit-il.
  • Jack ?
  • Il ne te fera plus aucun mal.

Que devais-je comprendre ? Qu'il s'était enfui ? Qu'il était mort ?

  • Où... est-il ?
  • Il est mort. Je te raconterai tout dès que tu auras repris des force mon ange. Maintenant, ferme les yeux et repose-toi.
  • Je... je t'aime.
  • Je t'aime aussi.

Ian déposa le plus délicatement possible ses lèvres sur mon front. Elles étaient chaudes et rassurantes. La tête enfuie dans le creux de son cou, je me laissai sombrer dans le sommeil, à bout de force.

Mon père et Sam vinrent me voir dès le lendemain. Mais même leur présence à eux me fut difficile à supporter. Je n'avais pas peur mais me sentais mal à l'aise. Je ne pouvais l'expliquer mais il n'y avait que la présence de Ian que je tolérais auprès de moi pour le moment. Je refusais même la visite de nos amis.
Au cours des jours qui suivirent, je dus subir des dizaines d'examens. Ian refusait que j'utilise mes dons pour me remettre sur pied, préférant que je prenne mon temps pour retrouver mes forces. Il disait que de les utiliser ne ferait que m'épuiser davantage. J'avais eu beaucoup de mal à intégrer le fait que j'avais passé près de trois semaines sous les tortures de Jack et qu'un coma de quatre mois avait suivi. Je n'avais aucun souvenir de la manière dont on m'avait sortie de là et Ian refusait toujours de m'en parler. Que s'était-il passé ?
Chaque fois que je relançais le sujet, une expression que je n'avais encore jamais vu avant s'installait sur son visage. Un mélange de peine, de regrets et de terreur que je ne lui connaissais pas.
Deux semaines après mon réveil, les médecins m'annoncèrent que j'allais pouvoir sortir à condition que je me repose et que je me nourrisse bien. Les repas étaient un réel calvaire pour moi et tout me paraissait fade et difficile à avaler. Une psychologue m'avait expliqué que j'avais été longuement privée de nourriture et que j'avais besoin de réapprendre à me faire plaisir avec les aliments. Elle me conseilla de commencer avec des plats que j'aimais. Cette rééducation allait être la plus difficile pour moi car le simple geste de porter une fourchette à ma bouche me soulevait l'estomac. L'idée de revoir du monde m'angoissait également terriblement. J'étais consciente du mal que je faisais en refusant de voir mes amis mais cette angoisse me dépassait. Ian m'avait expliqué qu'une petite fête de bienvenue était organisée pour mon retour et même si j'avais eu le temps de m'y préparer, j'appréhendais tout de même ma réaction face à tous.

  • Vous êtes prêts ?nous demanda Gabriel en entrant.
  • Oui papa.

Mon père prit ma valise et sortit de ma chambre. Ian et moi le suivîmes. À l’accueil, je pris deux minutes pour remercier les deux infirmières qui s'étaient occupées de moi. Devant mon angoisse, le personnel intervenant dans ma chambre avait été restreint. Le médecin était là lui aussi. Il m'adressa un sourire et me souhaita un prompt rétablissement.
C'est main dans la main que Ian et moi sortîmes de l'enceinte de l’hôpital. Une vague d'anxiété s'empara de moi et je fus incapable de faire un pas de plus. J'avais l'impression que tout le monde me regardait et que j'étais en danger. Ian avait beau m'avoir dit que Jack était mort, je craignais qu'il n’apparaisse par magie ou grâce à l'aide d'un Grayling tout comme il l'avait fait pour m'enlever, et qu'il ne nous tue.

  • Ça va aller Sil, me rassura aussitôt Ian. Tout va bien.

Mais même si j'entendais ses paroles et que le son de sa voix était rassurant, je ne pus dépasser cette peur et avancer. Mon père nous rejoignit, inquiet.

  • Quelque chose ne va pas ?
  • Elle a peur, lui répondit Ian. Tout l'angoisse depuis... vous savez.

Prise de panique et en pleurs, je me tournais face à Ian et m'ancrai à son corps. Seuls les battements de son cœur, les mouvements de sa respiration et son odeur parvenaient à me mettre en sécurité. Je le sentis me prendre dans ses bras et me porter. Je m'accrochais à son cou, cachais ma tête dans le creux de son épaule, et le laissais me conduire jusqu'à la voiture. Je m’effondrais et pleurais durant la totalité du voyage. Je m'en voulais de réagir de la sorte et j'étais frustrée d'être incapable de contrôler la situation et mes émotions involontairement intensifiées. À notre arrivée à l'institut, tous nos amis nous attendaient en haut des escaliers avec une grande banderole « bienvenue à la maison » Ian sortit le premier et m'aida ensuite. Inquiète, je serrais son bras de toute mes forces. Je me sentais ridicule. J'avais peur de mes amis. Quelle idiote je faisais.

  • Ça va ?

Je fis non de la tête.

  • Ce son tes amis, tu ne risques rien.
  • Je sais mais je ne le contrôle pas. C'est terrible Ian. J'ai l'impression de n'être plus à ma place nulle part. Tout me semble inconnu et dangereux. Je ne suis plus bonne à rien et je fais de la peine à tout le monde.
  • Ne dis pas ça ! Ce que tu as vécu est terrible et le docteur te la dit, ça va prendre du temps avant de t'en remettre totalement.
  • Mais j'en ai assez, j'ai perdu bien assez de temps tu ne crois pas ?
  • Je crois moi que tout va s'arranger. Tu es là avec moi et c'est tout ce qui compte. Je vais t'aider.

Il voulut avancer et m'entraîner avec lui mais je résistais, les pieds comme soudés au sol. Il fit signe aux autres de partir. Tout le monde se dispersa et cela m'apaisa presque aussitôt. Nous nous rendîmes directement dans notre chambre.
J'aurais dû me sentir chez moi, mais ce ne fut pas le cas. Cependant, je me sentais en sécurité. Un énorme bouquet de roses posé sur le lit attira mon attention. Je me retournais vers Ian qui affichait un grand sourire.

  • De qui est-ce ? me demanda-t-il enjoué.

Je pris la carte qu'il y avait avec.

Pour ma merveilleuse future épouse.
Je t'aime de tout mon cœur.
Ian.

  • De toi, souris-je avant me me mettre à pleurer.
  • Qui y a-t-il ?
  • Je... tu es sur de...
  • De quoi Silver ?
  • J'ai du mal à croire que tu veilles toujours épouser une femme comme moi.
  • Comment ça une femme comme toi ? Tu es la plus merveilleuse des femmes, je n'en voudrai jamais une autre que toi.
  • Je suis brisée Ian, je ne suis plus celle que tu aimais.
  • D'abord tu n'es pas brisée et tu restes celle que j'aime. Je veux toujours t'épouser Silver.
  • Mais je...
  • Il n'y a pas de mais Sil, je veux que tu deviennes ma femmes. À moins que... tu ne m'aimes plus ?
  • Si, bien sûr que si. C'est ton image et tous nos souvenirs qui m'ont aidée à tenir bon. Comment peux-tu penser que je ne t'aime plus ?
  • Alors épouse-moi.
  • Je...
  • Silver, épouse-moi. Là. Maintenant.
  • Maintenant, mais...
  • Mais quoi?
  • On ne peut pas faire ça maintenant.
  • Pourquoi.
  • Je n'ai pas de robe, nous n'avons pas de témoins, il n'y a pas de prêtre et...
  • Très bien. Organisons ça au plus vite et dis-moi oui pour la vie.

Pour seule réponse, il eut mon sourire. Je me jetai dans ses bras, ce qui malgré mon faible poids le fit reculer d'un pas. Il parvint tout de même à nous stabiliser et à nous éviter la chute. Il me dévora de baisers tout en me portant vers le lit. Si des coups n'avaient pas été frappés à la porte, je crois que nous aurions fait l'amour, mais le destin en avait décidé autrement une fois encore.
Je me reculai, le laissant aller ouvrir la porte. C'était Cassie et Brice. Ian les laissa entrer.

  • On est venus voir comment tu allais.
  • Bien merci, dis-je de loin.

Je pense que Cassie dût se rendre compte de mon malaise car elle demanda aux garçons de nous laisser un instant. Ian me regarda, guettant ma réaction. J'acquis de la tête et il sortit en compagnie de Brice.

  • On s’assoie ? me demanda Cassie.
  • Ok.

Elle prit place au pied du lit et je m'assis sur le bureau près de la table de nuit. Cassie me fit signe de venir près d'elle. J'hésitai mais le fis tout en laissant un espace entre nous.
  • Je sais qu'on ne se connaît pas beaucoup toutes les deux. Ce que je sais de toi, je le tiens des autres et surtout de Brice qui ne tarie pas d'éloge sur toi.
  • Je n'en mérite pas tant.
  • Erin, tu ne te rends pas compte de la valeur que tu as pour notre espèce.
  • La valeur que j'avais, dis-je tristement. À présent, je ne suis plus rien. Mes supers dons comme vous semblez tous le penser, ne m'ont été d'aucune aide.
  • Tu étais bien trop faible pour ça. Tu nous avais sauvé et guéri. Tu es mortelle, tout comme nous et à ce titre tu dois reprendre des forces pour être puissante.
  • Cassie, regarde ce que je suis devenue. Il faut se rendre à l'évidence. Je sers à rien à présent.
  • Ne laisse pas ce sale traqueur te détruire.
  • Il l'a déjà fait.
  • Non. Tu es vivante Erin, il ne tient qu'à toi de redevenir celle que tu étais.
  • Je ne sais pas. Je ne supporte même plus la présence de ma famille et de mes amis.
  • Tu es restée isolée longtemps. Laisse-toi du temps et laisse leur une chance. J'imagine ce que tu as vécu, j'ai connu ça même si moi je n'étais pas seule. Ce traqueur était mauvais, vraiment mauvais et il prenait plaisir à nous torturer moralement. Il faut tourner la page et reprendre notre vie.
  • Tu as raison. Merci.
  • De rien.

Cassie me serra dans ses bras et cette proximité ne me dérangea pas. Au contraire, ce geste me donna une impression de normalité. Ce geste me redonna espoir quand à ma phobie sociale et ma guérison. C'est à cet instant, que les garçons décidèrent de rentrer.

  • Ça à l'air de bien aller, s'exclama Brice tout sourire.
  • Oui, lui répondit Ian avec la même expression sur le visage.
  • Devons-nous en déduire qu'elle a dit oui ?interrogea Brice.
  • Je ne lui ai pas encore demandé.
  • Demandé quoi ?

Comme personne ne me répondait, je lançai un regard inquiet à Ian.

  • Tu sais tout à l'heure quand je t'ai demandé de m'épouser maintenant.
  • Oui ?!
  • Et bien, Brice vient de me proposer d'organiser un double mariage. Nous serions leurs témoins, ils seraient les nôtres.
  • Je... mais...
  • Tu ne veux peut-être pas partager ce jour, me demanda Cassie en souriant.
  • Je... euh...
Tout les trois me regardaient fixement en attendant ma réponse. Que pouvais-je répondre ? Je mourais d'envie de dire oui et d'épouser Ian et lui semblait charmé par l'idée. D'ailleurs, depuis quand Ian et Brice s'entendaient-ils à ce point ? J'hésitais car je ne voulais pas que Ian se retrouve coincé avec une femme incapable de sortir ou de voir qui que ce soit. Je...

  • Silver ?
  • Oui.
  • Oui ?
  • Oui, affirmai-je à nouveau, c'est oui, je veux bien t'épouser et être votre témoin.

Ian s'élança vers moi, me serra contre lui et m'embrassa avec fougue sous les gloussements et regards amusés de nos amis.


Autant dire que les mois qui suivirent ne furent pas de tout repos pour moi. Je devais faire un effort incroyable pour retrouver une vie sociable et j'avais mis un point d'honneur à reprendre du poids. Lorsque toutes les filles et moi étions allées au magasin de robe de mariée, Cassie et moi avions essayé toutes sortes de robes. Lorsque mon choix s'était posé sur un modèle, la vendeuse avait proposé de l'ajuster. J'avais refusé et lui avait même demandé de la commander à ma taille d'avant. Il me rester environ six kilos à prendre avant de retrouver un poids que je jugeais normal. La jeune femme avait alors ouvert de grands yeux et tenté de me dissuader de faire une telle chose. Elle trouvait que j'avais tout d'un mannequin et ne comprenait pas un tel choix. Mais moi, je ne me sentais pas bien. J'étais encore trop maigre. À certains endroits, on voyait encore mes os et je ne trouvais pas cela beau du tout. N'ayant pas le choix, elle fit la commande et nous convînmes d'un rendez-vous un peu avant la date du mariage pour les dernières éventuelles retouches.
Ian et moi avions choisi de notre coté nos faire part et Cassie et Brice les leurs. Un texte commun avait toutefois était écrit afin de prévenir nos convives qu'il s'agissait d'un double mariage. Les garçon s'étaient occupés de leurs costumes et tous les autres préparatifs s'étaient faits à quatre avec la complicité de nos amis.

Aucun commentaire: